Transparence des rémunérations en France : état des lieux et futures obligations

Transparence des rémunérations

La transparence des rémunérations s’impose désormais comme un enjeu central pour les entreprises françaises, sous l’impulsion d’une directive européenne majeure qui entrera en vigueur en 2026. Cette transformation vise à renforcer l’équité salariale, en particulier entre les femmes et les hommes, et à instaurer une culture d’ouverture sur les pratiques de rémunération.

Définition et contexte actuel

La transparence salariale désigne la communication claire et accessible des informations relatives aux salaires au sein d’une entreprise. En France, le principe d’égalité de rémunération est inscrit dans la loi depuis 1972, mais la transparence restait jusqu’ici limitée à certains dispositifs, comme l’index d’égalité professionnelle femmes-hommes pour les entreprises de plus de 50 salariés, ou l’obligation pour les sociétés cotées de publier certains écarts de rémunération.

Toutefois, à ce jour, aucune loi n’impose une transparence totale des salaires. Les informations sur les rémunérations, lorsqu’elles sont publiées, restent souvent partielles ou difficiles d’accès.

Les nouvelles obligations issues de la directive européenne

La directive européenne 2023/970, adoptée en mai 2023, doit être transposée dans le droit français au plus tard le 7 juin 2026. Elle introduit un ensemble d’obligations inédites pour les employeurs, qui vont transformer en profondeur les pratiques RH et la culture salariale des entreprises françaises.

Les principales mesures à venir

  • Obligation de transparence dès l’embauche
    Les offres d’emploi devront indiquer le salaire de départ ou une fourchette de rémunération précise. Les mentions floues du type « rémunération à définir » seront interdites. Cette information devra être accessible aux candidats, qui pourront ainsi comparer les offres plus facilement.

  • Interdiction de demander l’historique salarial des candidats
    Les employeurs n’auront plus le droit de questionner les candidats sur leur rémunération actuelle ou passée. Cette mesure vise à éviter la reproduction d’inégalités et à garantir que la rémunération proposée soit fondée sur le poste et les compétences, non sur l’historique individuel.

  • Droit à l’information pour les salariés
    Tout salarié pourra demander à connaître sa rémunération individuelle, la moyenne de ses pairs occupant un poste similaire, ainsi que les critères d’évolution salariale. Les entreprises devront mettre en place des procédures pour répondre à ces demandes.

  • Publication et justification des écarts de rémunération
    Les entreprises de plus de 250 salariés devront publier chaque année un rapport détaillé sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes, par catégorie et niveau hiérarchique. Pour celles de 100 à 249 salariés, cette obligation sera triennale.
    Si un écart supérieur à 5 % est constaté sans justification objective, l’employeur devra corriger la situation.

  • Interdiction des clauses de confidentialité salariale
    Les contrats de travail ne pourront plus comporter de clauses interdisant aux salariés de partager leur rémunération, favorisant ainsi une transparence interne accrue.

Entreprises concernées

  • Plus de 250 salariés : obligations annuelles de reporting et de publication des écarts.

  • Entre 100 et 249 salariés : obligations similaires, mais avec une fréquence tous les trois ans.

  • Moins de 100 salariés : pas d’obligation légale immédiate, mais la transparence est encouragée et peut devenir un avantage concurrentiel pour attirer les talents.

Impacts et enjeux pour les entreprises françaises

La mise en œuvre de ces nouvelles obligations va nécessiter une refonte des processus RH, une clarification des grilles salariales et une formation des managers à la communication sur les rémunérations. Les entreprises devront anticiper les éventuelles tensions internes liées à la divulgation d’écarts salariaux et accompagner le changement de culture.

Les entreprises devront donc justifier objectivement les différences de rémunération et instaurer une politique salariale claire et défendable.

Solde de la taxe d’apprentissage 2025 : modalités de fléchage pour les employeurs

fléchage taxe apprentissage

Le solde de la taxe d’apprentissage est un rendez-vous fiscal incontournable pour les employeurs français. En 2025, la campagne de fléchage des fonds via la plateforme SOLTéA s’accompagne d’un calendrier précis et de modalités à bien anticiper. Voici tout ce qu’il faut savoir pour optimiser la gestion et l’affectation de ce solde.


Qu’est-ce que le solde de la taxe d’apprentissage ?

La taxe d’apprentissage vise à financer l’apprentissage et les formations technologiques et professionnelles. Elle est due par toute entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des BIC, dès lors qu’elle emploie au moins un salarié et a son siège social en France (hors Alsace-Moselle).

Cette taxe se divise en deux parts :

  • La part principale (0,59 % de la masse salariale), déclarée et payée mensuellement via la DSN.

  • La fraction solde (0,09 % de la masse salariale), déclarée et versée annuellement, qui fait l’objet du fléchage par les employeurs.


Déclaration et paiement du solde en 2025 : les échéances à retenir

Pour l’année 2024, la fraction solde de 0,09 % doit être déclarée et payée via la DSN d’avril 2025, exigible :

  • Le 5 mai 2025 pour les entreprises de 50 salariés ou plus (hors décalage de paie).

  • Le 15 mai 2025 pour les autres entreprises (celles en décalage de paie ou de moins de 50 salariés).

Le paiement s’effectue à l’URSSAF ou à la MSA, qui transfèrent ensuite les fonds à la Caisse des dépôts et consignations.


SOLTéA : la plateforme de fléchage des fonds

Depuis la réforme, les employeurs ne peuvent plus verser directement le solde à un établissement. L’affectation se fait exclusivement via la plateforme dématérialisée SOLTéA, gérée par la Caisse des dépôts. Les entreprises y désignent les établissements ou formations bénéficiaires, choisis dans une liste nationale.

SOLTéA propose un moteur de recherche par SIRET, type ou niveau de formation, ou encore géolocalisation, facilitant la sélection des bénéficiaires. L’accès nécessite une habilitation préalable sur Net-entreprises.


Calendrier 2025 de la campagne de fléchage SOLTéA

Le calendrier officiel de la campagne 2025 est le suivant :

Étape Date
Ouverture de SOLTéA aux employeurs 26 mai 2025
1ère période de fléchage 26 mai – 27 juin 2025
1er virement aux établissements fléchés À partir du 11 juillet 2025
2ème période de fléchage 14 juillet – 24 octobre 2025
2ème virement aux établissements fléchés À partir du 7 novembre 2025
Répartition des fonds non fléchés À partir du 27 novembre 2025

Les fonds non affectés par les entreprises seront répartis par la Caisse des dépôts selon des critères réglementaires (géographie, besoins en recrutement).


Bonnes pratiques et points de vigilance

  • Anticiper l’habilitation sur Net-entreprises pour accéder à SOLTéA.

  • Respecter les fenêtres de fléchage pour garantir que les fonds soient affectés selon vos choix.

  • Vérifier les possibilités de déductions (subventions en nature, bonus alternants) qui doivent être déclarées dans la DSN d’avril 20254.

  • En cas d’inaction, la répartition par défaut s’appliquera, sans possibilité de choix ultérieur.


À retenir pour 2025

Le respect du calendrier et l’utilisation de la plateforme SOLTéA sont essentiels pour piloter efficacement l’affectation du solde de la taxe d’apprentissage. Les employeurs disposent ainsi d’un levier stratégique pour soutenir les formations et établissements de leur choix, tout en répondant à leurs obligations légales.

Pour plus d’informations et pour accéder à la plateforme, rendez-vous sur le site officiel de SOLTéA.


 

Licenciement pour insuffisance professionnelle : tout comprendre

INSUFFISANCE PROFESSIONNELLE

Le licenciement pour insuffisance professionnelle est une procédure spécifique du droit du travail français, qui permet à un employeur de rompre un contrat de travail lorsque le salarié ne parvient pas à exécuter ses missions conformément aux attentes légitimes de l’entreprise. Ce motif, strictement encadré, diffère fondamentalement du licenciement pour faute. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet, des motifs aux droits du salarié, en passant par la procédure et les risques de contestation.

Qu’est-ce que l’insuffisance professionnelle ?

L’insuffisance professionnelle se définit comme l’incapacité, pour un salarié, de réaliser ses tâches de manière satisfaisante, sans que cela résulte d’une faute ou d’un comportement volontairement répréhensible. Elle se distingue donc du licenciement disciplinaire : ici, ce n’est pas une faute qui est reprochée, mais un écart entre les compétences ou les performances du salarié et les exigences du poste.

Exemples de situations d’insuffisance professionnelle

  • Incompétence technique ou professionnelle avérée

  • Erreurs répétées dans l’exécution des tâches

  • Non-respect régulier des délais ou des procédures

  • Difficultés persistantes à travailler en équipe

  • Résultats de qualité insuffisante malgré des retours et des opportunités d’amélioration

Il est essentiel que ces insuffisances soient objectives, précises et vérifiables, et qu’elles ne résultent pas d’un manque de moyens, de formation ou d’une charge de travail excessive imposée par l’employeur

Conditions de validité du licenciement

Pour qu’un licenciement pour insuffisance professionnelle soit valable, il doit reposer sur une cause réelle et sérieuse, c’est-à-dire sur des faits concrets et démontrables.

L’employeur doit donc :

  • Identifier clairement les carences du salarié

  • S’assurer que ces carences ne sont pas dues à un défaut de formation, à des moyens insuffisants ou à une surcharge de travail

  • Fournir au salarié la possibilité de s’améliorer (formation, accompagnement, avertissements)

La jurisprudence exige que l’insuffisance professionnelle soit appréciée au cas par cas, en tenant compte du contexte, des missions confiées et des moyens mis à disposition du salarié.

Procédure à respecter

Le licenciement pour insuffisance professionnelle suit la procédure du licenciement pour motif personnel non disciplinaire. Voici les étapes clés :

  1. Constat de l’insuffisance
    L’employeur doit documenter les faits reprochés sur une période suffisante, après avoir laissé au salarié la possibilité de s’adapter (formation, avertissements).

  2. Convocation à un entretien préalable
    Le salarié est convoqué par lettre recommandée avec accusé de réception à un entretien préalable, au moins cinq jours ouvrables avant la date fixée.

  3. Entretien préalable
    Lors de cet entretien, l’employeur expose les motifs du licenciement envisagé et recueille les explications du salarié.

  4. Notification du licenciement
    Si la décision est maintenue, le licenciement est notifié par lettre recommandée, en précisant les motifs exacts et détaillés. Seuls ces motifs pourront être invoqués en cas de contestation.

  5. Préavis et indemnités
    Le salarié exécute un préavis (sauf dispense) et perçoit les indemnités légales ou conventionnelles de licenciement, sous réserve d’au moins 8 mois d’ancienneté.

Droits du salarié licencié pour insuffisance professionnelle

Le salarié licencié pour insuffisance professionnelle bénéficie :

  • Du préavis, sauf dispense avec indemnité compensatrice

  • De l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement (sous conditions d’ancienneté)

  • De l’accès à l’assurance chômage, sous réserve des conditions générales d’ouverture des droits

Ce licenciement n’étant pas disciplinaire, il n’entraîne pas la privation de ces droits.

Contestation et risques pour l’employeur

Le salarié peut contester son licenciement devant le conseil de prud’hommes s’il estime que :

  • L’insuffisance professionnelle n’est pas prouvée ou n’est pas réelle et sérieuse

  • Les critères d’évaluation étaient injustes ou flous

  • L’employeur n’a pas respecté son obligation de formation ou n’a pas donné les moyens nécessaires à la réussite

  • L’insuffisance résulte d’une surcharge de travail, d’un handicap ou d’un problème de santé, ce qui pourrait constituer une discrimination

En cas de licenciement jugé sans cause réelle et sérieuse, le salarié peut obtenir des dommages et intérêts, en plus des indemnités de licenciement et de préavis.


Points clés à retenir

  • Le licenciement pour insuffisance professionnelle est un licenciement pour motif personnel, mais non disciplinaire.

  • Il doit reposer sur des faits objectifs, précis, vérifiables et imputables au salarié.

  • L’employeur doit respecter une procédure stricte et avoir donné au salarié la possibilité de s’améliorer.

  • Le salarié licencié bénéficie du préavis, des indemnités et peut contester la décision devant les prud’hommes.

En résumé, le licenciement pour insuffisance professionnelle est une procédure encadrée, qui nécessite une grande rigueur de la part de l’employeur et offre au salarié des garanties procédurales et indemnitaires. Une préparation minutieuse et un dialogue constructif sont essentiels pour sécuriser la démarche et éviter tout risque de contentieux.