Un renforcement des sanctions contre la fraude à l’assurance chômage en 2025

En 2025, le paysage réglementaire entourant l’assurance chômage se prépare à subir des changements significatifs, particulièrement en matière de lutte contre la fraude. Ces ajustements interviennent dans le cadre des nouvelles orientations fixées par la loi Plein-emploi du 18 décembre 2023. Désormais, les demandeurs d’emploi qui manquent à leurs obligations pourraient faire face à un système de sanctions renforcé, et ce, dès l’entrée en vigueur du futur décret.

Des sanctions adaptées et graduellement renforcées

Le cœur de cette réforme repose sur un projet de décret présenté aux partenaires sociaux le 16 avril 2025. Ce texte vise à redéfinir le régime des sanctions applicables aux demandeurs d’emploi en cas de manquement à leurs obligations. Selon les modalités proposées, les sanctions seront modulées en fonction de la gravité du manquement constaté et de la fréquence des infractions.

Cela marque une approche plus ciblée et individualisée : chaque infraction sera évaluée non seulement pour son impact, mais aussi pour sa récurrence. Ainsi, un manquement isolé et une récidive seront traités différemment, ce qui permet d’adapter la réponse institutionnelle au comportement spécifique des demandeurs d’emploi.

Objectifs et enjeux de la réforme

L’objectif principal de ce renforcement des sanctions est double :

  1. Prévenir les abus : En introduisant des mécanismes dissuasifs, le gouvernement cherche à réduire délibérément les cas de fraude à l’assurance chômage afin de préserver les finances publiques.
  2. Encourager la responsabilisation : Cette réforme entend inciter les demandeurs d’emploi à respecter leurs engagements, notamment dans la recherche active d’un travail et dans leur participation à des démarches d’insertion professionnelle.

Un projet soutenu mais débattu

L’initiative a cependant suscité des débats parmi les partenaires sociaux. Si certains y voient un outil efficace pour lutter contre la fraude et moderniser le régime d’assurance chômage, d’autres redoutent un risque de stigmatisation. Une attention particulière sera donc portée sur la mise en œuvre concrète de ces mesures ainsi que sur leur impact global.

Vers une adoption prochaine

En conclusion, cette réforme, toujours en phase de concertation, illustre la volonté des pouvoirs publics de renforcer l’intégrité du système de protection sociale tout en responsabilisant les bénéficiaires. Les dispositions prises dans ce sens devraient être entérinées dans les prochains mois, offrant une vision claire de la nouvelle stratégie adoptée pour maitriser la fraude et les abus.

Résumé: Le projet de décret, issu de la loi Plein-emploi de décembre 2023, redéfinit les sanctions applicables aux demandeurs d’emploi pour faute ou récidive. Ces mesures, soumises à l’analyse des partenaires sociaux, visent à prévenir la fraude à l’assurance chômage et à encourager la responsabilisation des allocataires.

Abandon de poste : risques et conséquences pour le salarié

Démission présumée

L’abandon de poste est une situation délicate en droit du travail, souvent source de litiges entre employeurs et salariés.

Il désigne le fait, pour un salarié, de quitter son poste de travail « sans autorisation » ou de cesser de se rendre à son travail « sans justifier son absence ».

Depuis le  19 avril 2023, une procédure spécifique permet à l’employeur de présumer une démission en cas d’abandon de poste (article L. 1237-1-1 du *Code du travail).

Quels sont les risques encourus par le salarié dans une telle situation ?

 

1. Abandon de poste : définition et diversité des cas

L’abandon de poste recouvre des réalités différentes :

– Absences non justifiées (absence sans préavis, non-reprise après un arrêt maladie, etc.)
– Désaccords organisationnels (refus d’accepter une modification du contrat de travail)
– Stratégies de rupture (certains salariés l’utilisent comme une alternative à une rupture conventionnelle pour accéder au chômage)
– Motifs légitimes  (droit de retrait, harcèlement, problèmes médicaux non communiqués)

La Cour de cassation estime traditionnellement qu’un abandon de poste  ne constitue pas une démission implicite (Cass. soc. 10 juillet 2002, n° 00-45566), mais depuis 2023, le législateur a introduit une présomption de démission lorsqu’un salarié abandonne volontairement son poste.

2. Les risques pour le salarié en cas d’abandon de poste

A) La sanction disciplinaire : licenciement pour faute

Avant 2023, l’employeur pouvait sanctionner un abandon de poste par un licenciement pour faute voire pour faute grave.

Exemples jurisprudentiels :
– Cass. soc. 21 juin 2011 (n° 09-42980 D) : licenciement pour faute grave retenu pour un abandon de poste prolongé.

– Cass. soc. 3 décembre 2014 (n° 13-24704 D) : l’absence injustifiée peut justifier un licenciement.

Conséquence pour le salarié licencié :
– Conservation du droit aux allocations chômage

B) La présomption de démission depuis 2023

Le nouveau dispositif (art. L. 1237-1-1 et R. 1237-13) permet désormais à l’employeur d’engager une **procédure de présomption de démission lorsqu’un salarié abandonne son poste.

Les étapes de la procédure

1.  Mise en demeure écrite  (lettre recommandée ou remise en main propre) demandant au salarié de justifier son absence et de reprendre son poste sous 15 jours minimum (délai calendaire, y compris week-ends et fériés).

2. Sanction en cas de non-réponse ou de refus : le salarié est présumé démissionnaire à l’issue du délai.

3. Conséquences :
– La rupture sera traitée comme une démission, privant le salarié d’indemnités de licenciement.

– Absence d’accès au chômage, sauf justification ultérieure devant France Travail.

Exigences légales :
– La mise en demeure doit mentionner explicitement le risque de présomption de démission (CE 18 décembre 2024, n° 473640).
– L’employeur peut exiger l’exécution du préavis de démission, ou demander une indemnité compensatoire en cas de refus.

3. Recours possibles pour le salarié

A) Contester devant les prud’hommes
Si le salarié estime que son absence est justifiée (raisons médicales, droit de retrait, refus de modifications illégales du contrat), il peut saisir le conseil de prud’hommes pour contester la présomption de démission.

– Le juge statue dans un délai d’1 mois (art. L. 1237-1-1).

– Si le salarié prouve qu’il n’a pas abandonné volontairement son poste, la rupture pourra être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse , lui permettant de bénéficier d’indemnités (et éventuellement du chômage).

B) Justifier une absence légitime
Certains motifs empêchent la présomption de démission :
– Problèmes médicaux (arrêt maladie, handicap non déclaré)
– Droit de retrait (danger grave et imminent)
– Harcèlement moral ou sexuel
– Modification imposée du contrat de travail

 

Un abandon de poste peut avoir des conséquences graves pour le salarié :
– Licenciement pour faute
– Démission présumée (depuis 2023) avec privation du droit aux allocations.

La seule protection pour le salarié est de justifier d’ un motif légitime d’absence.

 

 

Nouvelle Baisse des Cotisations Chômage : Ce qui Change pour les Employeurs depuis le 1er Mai 2025

baisse cotisations unedic 2025

La publication de la circulaire Unédic n°2025-05 marque une étape claire dans l’application de la convention du 15 novembre 2024 sur l’assurance chômage. Ce texte, agréé par arrêté du Premier ministre le 19 décembre 2024, introduit des modifications structurelles du financement du régime, avec des effets concrets sur les entreprises depuis le 1er mai dernier.

Un Taux Patronal Révisé à la Baisse

Le changement le plus notable concerne la contribution employeur, qui passe désormais de 4,05 % à 4 % pour les rémunérations versées à compter du 1er mai 2025. Cette diminution, bien que modeste, s’inscrit dans une dynamique de soutien à la compétitivité des entreprises. Elle s’applique uniformément, y compris pour le calcul des taux modulés dans le cadre du dispositif bonus-malus. Les employeurs concernés par cette modulation sectorielle bénéficient ainsi d’un taux plancher révisé à 2,95 % et d’un taux plafond abaissé à 5 %

Adaptation Progressive du Dispositif Bonus-Malus

L’Unédic précise que cette baisse intervient en pleine troisième phase de modulation, initiée le 1er septembre 2024 pour s’achever le 31 août 2025. Pendant cette période transitoire, les entreprises des sept secteurs ciblés (hôtellerie-restauration, transports, etc.) voient leur taux modulé automatiquement réduit de 0,05 point, sans modification des paramètres initiaux du calcul.

Une quatrième période de modulation débutera le 1er septembre 2025 pour six mois, intégrant directement le nouveau taux de référence de 4 % dans la formule de calcul. Ainsi, le coefficient final du taux modulé évoluera par exemple de « ratio x 1,46 + 2,59 » à « ratio x 1,46 + 2,54 » pour les entreprises du cas général

Régimes Spéciaux et Cas Particuliers

Les employeurs de dockers occasionnels et d’intermittents du spectacle doivent particulièrement veiller aux ajustements spécifiques. Pour les premiers, la majoration de 0,50 % sur les CDD de moins de trois mois conduit désormais à un taux global de 4,50 %. Les seconds, soumis à un double taux (droit commun + indemnisation spécifique), voient leur cotisation patronale globale passer de 9,05 % à 9 %

Les salariés expatriés et leurs employeurs basés hors Union européenne relèvent toujours de l’Annexe IX du règlement. Leur affiliation volontaire au régime français reste soumise à un taux unique de 4 %, sans modification des modalités de versement à France Travail

Perspectives et Négociations en Cours

En parallèle, un groupe de travail technique paritaire planche sur une refonte des règles du bonus-malus. Les partenaires sociaux étudient notamment l’exclusion des ruptures indépendantes de la volonté de l’employeur (inaptitude, fins de CDD de remplacement) du calcul des taux de séparation. Une nouvelle séance de négociation est prévue le 27 mai prochain, avant la publication d’un avenant précisant les ajustements définitifs

En synthèse, cette réforme poursuit un double objectif : simplifier le paysage des cotisations chômage tout en responsabilisant les employeurs sur la gestion des séparations. Les entreprises doivent actualiser leurs outils de paie pour refléter ces changements, particulièrement dans les secteurs soumis à modulation. L’Unédic met à disposition une infographie et une étude d’impact pour en faciliter la compréhension