Entretien annuel 1/2, sa conformité mise en cause ?

entretien annuel critères d'évaluation
entretien annuel critères d’évaluation

Bien que la loi française n’impose pas systématiquement sa mise en place, la pratique de l’entretien annuel est largement répandue dans les entreprises, souvent rendue obligatoire par des dispositions conventionnelles ou contractuelles.

Dans ce 1er article, nous serons focalisés sur la définition et la conformité de l’entretien.

Dans un 2e article, la dématérialisation de l’entretien annuel sera décrite.

1. Définition de l’Obligation Légale d’Entretien Annuel

1.1 Le Cadre Légal : Une Obligation Conditionnelle

Contrairement à l’entretien professionnel qui est obligatoire tous les deux ans en vertu de l’article L.6315-1 du Code du travail, l’entretien annuel d’évaluation n’est pas une obligation légale générale. Cependant, son caractère obligatoire dépend de la présence d’une disposition dans les documents suivants :

  • Convention collective ou accord de branche : De nombreuses conventions (comme la convention Syntec) rendent explicitement l’entretien annuel obligatoire, notamment pour les salariés en forfait jours.

  • Accord d’entreprise ou accord collectif : Des accords conclus au niveau de l’entreprise entre la direction et les représentants des salariés peuvent en imposer la réalisation.

  • Règlement intérieur de l’entreprise : L’employeur peut décider d’inclure cette obligation dans le document, la rendant contraignante pour l’ensemble du personnel.

  • Contrat de travail ou avenants : Une clause contractuelle peut prévoir explicitement la participation à des entretiens annuels.

  • Politique RH formalisée : Une politique interne documentée constitue également un engagement envers les salariés.

1.2 La Distinction : Entretien Annuel vs Entretien Professionnel

Il convient de bien distinguer ces deux types d’entretiens, qui répondent à des finalités différentes :

Aspect Entretien Annuel Entretien Professionnel
Caractère obligatoire Non, sauf disposition contraire Oui, obligatoire tous les 2 ans
Finalité Évaluation des compétences et performances Évolution professionnelle et employabilité
Contenu Bilan de l’année écoulée, objectifs futurs Perspectives d’évolution, formations, VAE, CPF
Fréquence Une fois par an (ou selon la convention) Tous les deux ans minimum
Évaluation du travail Oui Non
Compte rendu Recommandé mais facultatif (sauf accord) Obligatoire
Bilan à 6 ans Non applicable Oui, pour vérifier les avances professionnelles

Point important : La réalisation d’un entretien annuel ne dispense en aucun cas de l’obligation d’organiser un entretien professionnel. Ces deux dispositifs sont complémentaires et ne peuvent se substituer l’un à l’autre.

1.3 Le Pouvoir de Direction de l’Employeur

L’employeur dispose d’un pouvoir de direction lui permettant d’évaluer ses collaborateurs, fondé sur l’article L.1321-1 du Code du travail. Toutefois, ce pouvoir n’est pas absolu et doit s’exercer dans le respect de cadres légaux précis concernant les critères d’évaluation et les libertés individuelles.

2. Les Critères Objectifs d’Évaluation : Décision Récente de la Cour de Cassation

2.1 L’Illicéité des Critères Subjectifs et Moralisateurs

La Cour de cassation a rendu, le 15 octobre 2025 (n°22-20.716), un arrêt fondateur rappelant avec fermeté les exigences légales en matière d’évaluation. Cette décision marque un tournant dans la jurisprudence en matière de critères comportementaux.

La Cour rappelle que tout système d’évaluation doit reposer sur des critères précis, objectifs et pertinents au regard de la finalité poursuivie. Cette exigence s’applique non seulement aux critères techniques, mais également aux compétences comportementales.

2.2 L’Affaire du 15 Octobre 2025 : Critères Sanctionnés

L’entreprise défenderesse avait mis en place un « entretien de développement individuel » comportant une section substantielle dédiée aux compétences comportementales. Cette section utilisait des critères tels que :

  • « Optimisme »

  • « Honnêteté »

  • « Bon sens »

Ces notions figuraient sous les items « engagement » et « avec simplicité ».

Les Motifs de l’Illicéité

La Cour de cassation, approuvant l’appréciation de la Cour d’appel de Rennes, a considéré que :

  1. Imprécision et caractère vague : Ces critères manquent de définition claire et présentent une ambiguïté fondamentale. Les notions d’« optimisme » ou de « bon sens » ne peuvent être objectivement mesurées ou vérifiées.

  2. Connotation moralisatrice : Ces termes possèdent une charge morale intrinsèque qui porte atteinte à la sphère personnelle des salariés. Évaluer l’« honnêteté » ou l’« optimisme » revient à juger la personnalité individuelle plutôt que la capacité à exécuter les missions professionnelles.

  3. Absence de lien direct avec l’activité professionnelle : Ces critères ne présentent pas de corrélation suffisante, directe et nécessaire avec l’exécution des fonctions concrètes du poste occupé. L’appréciation de la personnalité morale ne peut servir de fondement à l’évaluation professionnelle.

  4. Subjectivité excessive : La mise en œuvre de tels critères laisse une latitude trop importante à l’évaluateur, compromettant l’impartialité et la transparence du système.

  5. Non-accessorité : Contrairement à la position défendue par l’employeur, la Cour a considéré que la section comportementale ne pouvait être requalifiée comme « accessoire » ou « secondaire ». L’importance accordée aux critères comportementaux était telle qu’elle entachait l’ensemble du dispositif d’illicéité.

2.3 Implications pour les Entreprises

Cette décision produit plusieurs conséquences majeures :

Illicéité du dispositif complet : L’introduction de critères subjectifs dans une partie du système rend l’intégralité du dispositif d’évaluation illicite, même si d’autres critères techniques ou objectifs sont correctement formalisés. Le poids relatif accordé aux critères comportementaux n’a pas d’importance ; leur simple présence suffit à compromettre la légalité.

Risque de condamnation : Les salariés évalués sur la base de tels critères disposent d’un fondement juridique solide pour contester leur évaluation et demander des dommages-intérêts. Cela peut entraîner :

  • L’annulation de mesures de gestion prises sur la base de cette évaluation

  • Des indemnisations en faveur des salariés lésés

  • La condamnation de l’employeur aux frais de procédure

Obligation de révision : Les entreprises utilisant des grilles d’évaluation comportant des critères similaires doivent procéder à une révision urgente de leurs dispositifs.

2.4 Les Critères Licites : Ce Qui Est Autorisé

La jurisprudence n’interdit pas en soi l’utilisation de compétences comportementales. Sont considérés comme licites les critères qui :

  • Sont objectivement mesurables : Par exemple, « capacité à respecter les délais », « aptitude à communiquer clairement avec les clients », « capacité à travailler en équipe sur des projets définis ».

  • Présentent un lien direct avec le poste : Les compétences comportementales doivent être rattachables à l’exécution concrète des missions du salarié.

  • Sont dénués de connotation moralisatrice : Les critères doivent évaluer des aptitudes professionnelles, non des traits de personnalité ou des valeurs morales.

  • Sont précis et vérifiables : Chaque critère doit être formulé de manière suffisamment claire pour que son application soit transparente et reproductible.

Exemple de critères comportementaux licites : « Capacité à gérer les situations conflictuelles dans le respect des protocoles de l’entreprise », « Aptitude à transmettre les informations en utilisant les outils de communication définis ».

2.5 L’Application des Articles L.1121-1, L.1222-2 et L.1222-3 du Code du Travail

Ces articles consacrent le principe fondamental que :

  • L.1121-1 : Toute restriction aux droits et libertés du salarié doit être justifiée par la nature de la tâche et proportionnée au but recherché.

  • L.1222-2 : L’évaluation professionnelle doit être effectuée en permanence.

  • L.1222-3 : L’évaluation du salarié doit reposer sur des critères précis, objectifs et pertinents au regard de la finalité poursuivie.

La Cour de cassation rappelle que l’introduction de critères vagues ou moraux constitue un manquement direct à ces dispositions, entreachant d’illicéité l’ensemble de la procédure d’évaluation.

En mettant l’accent sur l’objectivité des critères, la clarté du processus et le respect des libertés individuelles, les employeurs pourront développer des systèmes d’évaluation à la fois justes, légaux et performants

Plafond de Sécurité Sociale 2026 : Hausse de 2% Confirmée

Evolution PASS 2026

Le plafond annuel de la sécurité sociale (PASS) connaît une revalorisation de 2% à compter du 1ᵉʳ janvier 2026. Cette augmentation a été officiellement annoncée par le Bulletin officiel de la Sécurité sociale (BOSS) le 21 octobre 2025.

Quels sont les montants du PASS 2026 ?

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, voici les valeurs de référence du plafond de la sécurité sociale :

  • Plafond annuel : 48 060 € (contre 47 100 € en 2025)

  • Plafond mensuel : 4 005 € (contre 3 925 € en 2025)

  • Plafond trimestriel : 12 015 €

  • Plafond hebdomadaire : 924 €

  • Plafond journalier : 220 €

  • Plafond horaire : 30 €

Cette hausse de 2% reflète l’évolution du salaire moyen par tête (SMPT) observée sur l’année 2025.

À quoi sert le plafond de sécurité sociale ?

Le PASS est une valeur de référence fondamentale en droit du travail et en matière de protection sociale. Il sert notamment à :

  • Déterminer le montant maximal des rémunérations pris en compte pour le calcul des cotisations sociales plafonnées (notamment l’assurance vieillesse de base)

  • Fixer le plafond de la retraite complémentaire (régime AGIRC-ARRCO)

  • Calculer les indemnités de rupture (licenciement, démission)

  • Définir les droits à certaines prestations sociales (indemnités journalières, pension d’invalidité)

  • Servir de référence pour les déductions fiscales et les placements d’épargne retraite (PER, PERP)

Impact pour les professionnels RH et paie

Pour les gestionnaires de paie et les responsables RH, cette augmentation du PASS 2026 implique :

  • La mise à jour obligatoire des logiciels de paie avant le 1ᵉʳ janvier 2026

  • La révision des paramètres de cotisations pour les salariés

  • L’ajustement des plafonds de déductibilité pour les contributions complé­mentaires

  • La correction des calculs de retraite complémentaire selon la tranche 1 (jusqu’à 1 PASS = 4 005 €)

Cas spécifique : Mayotte

À Mayotte, le plafond mensuel s’élève à 3 021 € au 1ᵉʳ janvier 2026, soit une hausse plus importante de 7,1% par rapport à 2025, conformément au décret n°2003-589 du 1ᵉʳ juillet 2003.

Quand sera confirmée cette augmentation ?

L’arrêté officiel confirmant le niveau du plafond pour 2026 sera publié avant le 31 décembre 2025 au Journal officiel. Ces valeurs s’appliqueront à l’ensemble des rémunérations versées à compter du 1ᵉʳ janvier 2026.

Le plafond de sécurité sociale 2026 s’établira à 48 060 € annuels, marquant une hausse modérée de 2% conforme à l’évolution économique observée. Cette revalorisation affecte directement le calcul des cotisations, des prestations et des droits sociaux. Les entreprises et les organismes de paie doivent anticiper cette modification pour assurer une transition en douceur au 1ᵉʳ janvier 2026.

Taux AT/MP Fonctions Supports : Comment procéder ?

AT MP fonction support

La gestion des cotisations accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP) constitue un enjeu majeur pour les employeurs. Depuis octobre 2025, l’Assurance Maladie a simplifié considérablement cette démarche administrative. Découvrez comment bénéficier du taux réduit pour les fonctions supports et optimiser vos cotisations.

Qu’est-ce que le Taux AT/MP Fonctions Supports ?

Le taux AT/MP fonctions supports de nature administrative est un taux réduit de cotisation accidents du travail et maladies professionnelles. Ce dispositif reconnaît que certains salariés, occupant des postes administratifs, présentent un risque d’accidents du travail ou de maladies professionnelles considérablement plus faible que les collaborateurs exposés aux risques métier de l’entreprise.​

Par exemple, une assistante administrative travaillant dans un bureau de bâtiment n’encourt pas les mêmes dangers qu’un ouvrier sur un chantier. Ce taux réduit reflète cette réalité en permettant aux entreprises concernées de réduire significativement leurs cotisations.​

Qui Peut Bénéficier du Taux Réduit ?

Le taux fonctions supports concerne exclusivement les entreprises comptant moins de 150 salariés en tarification collective ou mixte. Les entreprises de plus de 150 salariés, soumises à une tarification individuelle, ne peuvent pas accéder à ce dispositif.​

Les salariés éligibles doivent remplir deux conditions cumulatives :

Premièrement, ils doivent exercer à titre principal une fonction de nature administrative parmi les suivantes :​

  • Secrétariat​

  • Accueil​

  • Comptabilité​

  • Affaires juridiques​

  • Gestion financière​

  • Ressources humaines​

Deuxièmement, ces collaborateurs doivent travailler dans des locaux non exposés aux risques de l’entreprise. Un(e) assistant(e) partageant les mêmes locaux que des salariés exposés à des risques chimiques, par exemple, n’est pas éligible au taux réduit.​

Les Avantages Financiers du Taux Fonctions Supports

Les économies réalisées peuvent s’avérer substantielles pour l’entreprise. Le taux fonctions supports s’établit à 0,70% en 2025, contre 0,67% pour les entreprises du BTP.​

Pour illustrer cet avantage : une entreprise de transport employant une assistante administrative et comptable percevant 30 000 euros bruts annuels verserait 249 euros de cotisation AT/MP en appliquant le taux réduit. Sans cet avantage, elle aurait dû verser 1 584 euros, soit une économie annuelle de 1 335 euros. Ces économies s’accumulent rapidement pour les entreprises disposant de plusieurs collaborateurs en fonctions supports.​

L’évolution d’Octobre 2025 : Une Demande 100% En Ligne

Jusqu’à récemment, les employeurs devaient remplir un formulaire papier et l’envoyer à leur CARSAT régionale (ou CRAMIF en Île-de-France, CGSS dans les DOM-TOM). Depuis le 23 octobre 2025, cette démarche s’est entièrement dématérialisée.​

Les employeurs peuvent désormais soumettre leur demande directement en ligne via leur compte entreprise sur net-entreprise.fr. Cette simplification administrative importante réduit considérablement les délais et facilite le suivi de la demande.​

Comment Effectuer Votre Demande En Ligne ?

La procédure est devenue simple et intuitive. Pour accéder à cette fonctionnalité, connectez-vous à votre compte entreprise sur net-entreprise.fr. La demande doit inclure les éléments suivants :​

  • La liste complète des salariés éligibles au taux réduit​

  • La description précise de leur poste respectif​

  • Un plan de l’entreprise permettant d’identifier les locaux occupés par ces collaborateurs​

Une fois votre dossier accepté, le nouveau taux s’applique à partir du 1er jour du mois qui suit votre demande.​

Calendrier et Entrée en Vigueur du Nouveau Taux

Contrairement aux demandes antérieures, aucune rétroactivité n’est possible. Un arrêt de la Cour de cassation du 7 avril 2022 confirme cette position. Le taux réduit prend effet à compter de la date effective de votre demande, sans retour aux années antérieures.​

Les Trois Nouvelles Fonctionnalités du Compte Entreprise

Outre la demande en ligne du taux fonctions supports, l’Assurance Maladie a déployé deux autres services :​

Le simulateur de taux AT/MP vous permet d’anticiper l’impact de votre sinistralité sur votre cotisation future. Accessible depuis la rubrique « Prévenir les risques professionnels » de votre compte entreprise, ce simulateur aide les employeurs à mesurer les conséquences opérationnelles d’une variation de taux.​

Les notifications aux tiers-déclarants : Les experts-comptables et prestataires DSN reçoivent désormais une notification par mail lors de la mise à disposition des décisions de taux AT/MP de leurs clients. Ils peuvent télécharger les décisions en PDF, identifier les variations et accuser réception en un seul clic.​

Points de Vigilance Importants

Responsabilité de l’employeur : C’est l’employeur qui doit proactivement demander l’application du taux réduit. L’Assurance Maladie ne l’applique pas automatiquement, même si les conditions sont remplies.​

Localisation des postes : Assurez-vous que vos collaborateurs en fonctions supports travaillent réellement dans des locaux séparés des zones à risque. Cette exigence est strictement contrôlée.​

Documentation justificative : Conservez un plan actualisé de votre établissement et une description précise des postes. Ces documents peuvent être demandés lors d’un contrôle.

Contexte Réglementaire : Les Taux AT/MP 2025

Les taux AT/MP 2025 s’appliquent depuis le 1er mai 2025, sans effet rétroactif. Le taux AT/MP national moyen de 2025 demeure à 2,12%, identique à 2024. Cependant, certains secteurs ont connu des augmentations liées à l’accroissement des coûts de sinistralité.​

Pour les entreprises enregistrant une sinistralité élevée, l’application du taux réduit pour les fonctions supports constitue une mesure d’économies stratégique et bienvenue.

Conclusion : Simplification Administrative et Économies Certaines

La dématérialisation de la demande de taux fonctions supports représente une victoire pour la simplification administrative. Les employeurs n’ont plus besoin de gérer des formulaires papier ou d’attendre des traitements manuels. Cette évolution reflète la modernisation progressive des services en ligne de l’Assurance Maladie.​

Pour les PME et ETI du BTP, du transport ou d’autres secteurs à forte sinistralité, l’activation de ce taux réduit pour les fonctions supports constitue une mesure d’optimisation fiscale légitime et aisément accessible. Avec la possibilité de demande 100% en ligne depuis octobre 2025, aucun obstacle administratif n’excuse plus une absence de demande.

N’attendez plus : connectez-vous à votre compte entreprise sur net-entreprise.fr et vérifiez si votre entreprise peut bénéficier de cet avantage.