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Préavis en cas de licenciement pour inaptitude : impact sur l’ancienneté et autres conséquences

Inaptitude et préavis

Le licenciement pour inaptitude constitue une procédure spécifique du droit du travail français qui soulève de nombreuses questions, notamment concernant le préavis et son impact sur l’ancienneté du salarié. Cette situation particulière, où le salarié ne peut physiquement pas exercer ses fonctions, génère des conséquences juridiques importantes qu’il convient d’analyser en détail.

1. Les principes fondamentaux du préavis en cas de licenciement pour inaptitude

1.1 L’absence d’exécution du préavis : une règle générale

En cas de licenciement pour inaptitude, le principe fondamental est que le salarié n’exécute pas de préavis. Cette règle découle logiquement de l’impossibilité physique ou mentale du salarié à occuper son poste de travail, constatée par le médecin du travail.

Le contrat de travail est rompu à la date de notification du licenciement, contrairement aux licenciements classiques où la rupture intervient à l’issue du préavis. Cette spécificité s’explique par l’état de santé du salarié qui l’empêche de fournir sa prestation de travail.

1.2 Distinction selon l’origine de l’inaptitude

Les conséquences du préavis varient significativement selon que l’inaptitude est d’origine professionnelle ou non professionnelle :

 Inaptitude d’origine professionnelle
– Définition : Inaptitude consécutive à un accident du travail ou une maladie professionnelle
– Indemnité compensatrice : Le salarié bénéficie d’une indemnité égale à l’indemnité compensatrice de préavis
– Nature juridique : Cette indemnité n’est pas techniquement un préavis mais une indemnité spécifique de protection

 Inaptitude d’origine non professionnelle
– Définition : Inaptitude consécutive à une maladie ou un accident non professionnel
– Principe : Absence d’indemnité compensatrice de préavis
– Exception: Possible indemnisation si les dispositions conventionnelles le prévoient expressément

 2. Impact du préavis sur l’ancienneté : règles et calculs

 2.1 Prise en compte de la durée du préavis pour l’ancienneté

Malgré la non-exécution du préavis, la durée théorique du préavis est prise en compte pour déterminer l’ancienneté servant au calcul de l’indemnité de licenciement. Cette règle s’applique dans les deux types d’inaptitude.

Principe de calcul :
– L’ancienneté est calculée jusqu’à la date de fin théorique du préavis
– Cette règle s’applique même si le préavis n’est pas exécuté
– Elle concerne uniquement le calcul de l’indemnité de licenciement

2.2 Exemple pratique de calcul

Situation : Un salarié avec 8 ans et 3 mois d’ancienneté au moment de la notification du licenciement, avec un préavis théorique de 2 mois.

Calcul de l’ancienneté pour l’indemnité :
– Ancienneté réelle : 8 ans et 3 mois
– Durée du préavis : 2 mois
– Ancienneté retenue : 8 ans et 5 mois

Cette ancienneté majorée sera utilisée pour calculer l’indemnité de licenciement selon le barème légal :
– 1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté (10 premières années)
– 1/3 de mois de salaire par année d’ancienneté (années suivantes)

2.3 Différence avec les autres droits sociaux

Important : Cette règle de majoration de l’ancienneté ne s’applique qu’au calcul de l’indemnité de licenciement. Elle n’affecte pas :
– Les droits à la retraite
– L’ancienneté pour d’autres calculs sociaux
– Les droits aux congés payés
– L’ancienneté conventionnelle pour d’autres avantages

 3. Les différentes indemnisations selon l’origine de l’inaptitude

 3.1 Inaptitude d’origine professionnelle : protection renforcée

Indemnités dues :
1. Indemnité spéciale de licenciement : Double de l’indemnité légale de licenciement
2. Indemnité compensatrice équivalente au préavis : Montant égal à ce que le salarié aurait perçu pendant le préavis
3. Indemnité compensatrice de congés payés : Si applicable

 Spécificités importantes :
– La durée de préavis prise en compte est la durée légale, non conventionnelle
– Le doublement ne s’applique pas aux dispositions conventionnelles plus favorables
– Cette indemnité n’est pas techniquement un préavis (pas d’acquisition de congés payés)

3.2 Inaptitude d’origine non professionnelle : régime restrictif

 Indemnités dues :
1. Indemnité légale de licenciement (ou conventionnelle si plus favorable)
2. Pas d’indemnité compensatrice de préavis (sauf convention collective expresse)
3. Indemnité compensatrice de congés payés : Si applicable

Exception jurisprudentielle :
Le salarié peut percevoir une indemnité compensatrice de préavis si le licenciement est requalifié sans cause réelle et sérieuse par le conseil de prud’hommes, notamment en cas de :
– Manquement à l’obligation de recherche de reclassement
– Non-consultation du CSE
– Défaut de justification de l’impossibilité de reclassement

4. Le délai d’un mois et ses conséquences financières

4.1 L’obligation de reprise du salaire

Règle fondamentale : Si l’employeur ne procède ni au reclassement ni au licenciement dans un délai d’un mois à compter de la déclaration d’inaptitude, il doit reprendre le versement du salaire.

Modalités :
– Le délai court à partir de l’examen médical (non de la notification de l’avis)
– Le salaire versé correspond à celui de l’emploi occupé avant la suspension
– Cette obligation perdure jusqu’au reclassement ou au licenciement effectif

 4.2 Conséquences pratiques

Cette règle crée une incitation forte pour l’employeur à agir rapidement :
– Coût financier : Versement du salaire sans contrepartie de travail
– Pression temporelle : Nécessité d’organiser rapidement la procédure
– Risque juridique: Sanctions en cas de non-respect

5. Impacts sur les droits sociaux et avantages

5.1 Conservation des avantages en nature

Pendant la période théorique du préavis (même non exécuté), le salarié conserve certains droits :
– Voiture de fonction : Maintenue si considérée comme avantage en nature
– Assurance complémentaire : Selon les dispositions conventionnelles
– Autres avantages contractuels : Maintenus théoriquement

5.2 Droits électoraux et syndicaux

Le statut de salarié est maintenu jusqu’à la date de fin théorique du préavis, préservant :
– Les droits de vote aux élections professionnelles
– Les prérogatives syndicales
– La protection contre le licenciement pour les représentants du personnel

5.3 Impact sur le chômage

La date de rupture effective (notification du licenciement) détermine :
– Le point de départ des droits à l’allocation chômage
– Les éventuels différés d’indemnisation
– Le calcul de l’allocation de retour à l’emploi

 6. Jurisprudence récente et évolutions

6.1 Tendances jurisprudentielles

La Cour de cassation a récemment précisé plusieurs points :

Sur l’indemnité compensatrice en inaptitude non professionnelle :
– Principe strict : Pas d’indemnité sauf disposition conventionnelle expresse
– Interprétation restrictive : Une simple mention du préavis dans la convention ne suffit pas
– Exigence de clarté : La convention doit explicitement prévoir l’indemnisation

Sur le délai d’un mois :
– Point de départ : L’examen médical, non la notification de l’avis
– Caractère impératif : Aucune suspension possible du délai
– Sanctions : Reprise obligatoire du salaire en cas de dépassement

6.2 Évolutions réglementaires récentes

L’arrêté du 3 mars 2025 a modernisé les modèles d’avis d’inaptitude, mais n’a pas modifié les règles de fond concernant :
– Les délais de procédure
– Les indemnisations
– L’impact sur l’ancienneté

 7. Conseils pratiques et bonnes pratiques

7.1 Pour l’employeur

Gestion des délais :
– Anticiper la visite de reprise après arrêt maladie
– Organiser rapidement la recherche de reclassement
– Respecter le délai d’un mois sous peine de reprise du salaire
– Documenter toutes les démarches de reclassement

Procédure à suivre :
1. Visite médicale de reprise obligatoire
2. Recherche active de postes de reclassement
3. Consultation du CSE si nécessaire
4. Entretien préalable dans les règles
5. Notification motivée du licenciement

7.2 Pour le salarié

Protection des droits :
– Vérifier le respect des délais par l’employeur
– Exiger une justification écrite en cas d’impossibilité de reclassement
– Contrôler le calcul des indemnités, notamment l’ancienneté
– Conserver tous les documents médicaux et échanges

Actions possibles :
– Contester l’avis d’inaptitude si non fondé
– Saisir les prud’hommes en cas de vice de procédure
– Réclamer les salaires dus en cas de dépassement du délai d’un mois

8. Cas particuliers et situations spécifiques

8.1 Inaptitude temporaire vs définitive

Inaptitude temporaire :
– Possibilité de réexamen médical
– Suspension temporaire du contrat
– Maintien des droits et de l’ancienneté

Inaptitude définitive:
– Procédure de licenciement obligatoire
– Calcul définitif des indemnités
– Rupture du contrat

 8.2 Salariés protégés

Les représentants du personnel et autres salariés protégés bénéficient de garanties supplémentaires :
– Autorisation administrative nécessaire
– Procédure renforcée de consultation
– Délais prolongés pour la procédure
– Protection maintenue pendant la procédure

 8.3 Inaptitude partielle

En cas d’inaptitude partielle à certaines tâches :
– Aménagement possible du poste
– Reclassement sur fonctions compatibles
– Maintien dans l’entreprise privilégié
– Licenciement en dernier recours uniquement

Le préavis en cas de licenciement pour inaptitude présente des spécificités importantes qui impactent significativement les droits du salarié et les obligations de l’employeur. Bien que le préavis ne soit jamais exécuté dans ce contexte, sa durée théorique influence le calcul de l’ancienneté pour l’indemnité de licenciement, constituant un élément protecteur important pour le salarié.

La distinction entre inaptitude professionnelle et non professionnelle demeure cruciale, déterminant le niveau d’indemnisation et les droits du salarié. Les employeurs doivent particulièrement veiller au respect du délai d’un mois sous peine de devoir reprendre le versement du salaire, tandis que les salariés doivent être vigilants sur le calcul de leurs indemnités et le respect de la procédure.

L’évolution jurisprudentielle tend vers une interprétation stricte des textes, particulièrement concernant l’indemnité compensatrice de préavis en cas d’inaptitude non professionnelle, nécessitant une analyse précise des dispositions conventionnelles applicables.

Cette complexité juridique rend indispensable une approche préventive et une connaissance approfondie des règles applicables pour sécuriser les relations de travail et protéger les droits de chacune des parties.

Quel salaire de référence pour le calcul de l’ARE ?

salaire référence ARE

Le salaire de référence constitue l’élément central du calcul de l’Allocation d’aide au Retour à l’Emploi (ARE). Sa détermination repose sur des règles précises définies par la réglementation de l’assurance chômage et nécessite une déclaration rigoureuse en Déclaration Sociale Nominative (DSN), notamment à travers les blocs 51 et 52.

Le salaire de référence : définition et principes fondamentaux

Qu’est-ce que le salaire de référence ?

Le salaire de référence pour le calcul de l’ARE correspond au total des rémunérations brutes perçues durant la période de référence calcul (PRC). Cette période s’étend sur les 24 derniers mois civils précédant la fin du dernier contrat de travail pour les demandeurs d’emploi de moins de 55 ans, et sur 36 mois pour ceux de 55 ans et plus (évolution depuis le 1er avril 2025).

Les cinq conditions pour l’inclusion dans le salaire de référence

Pour être prises en compte dans le calcul du salaire de référence, les rémunérations doivent répondre aux cinq conditions suivantes :

  • Elles entrent dans l’assiette des contributions d’assurance chômage

  • Elles n’ont pas déjà servi pour une précédente ouverture de droits

  • Elles se rapportent à la période de référence calcul

  • Elles trouvent leur contrepartie dans l’exécution normale du contrat de travail

  • Elles correspondent à la rémunération habituelle du salarié

Éléments inclus dans le salaire de référence

Rémunérations prises en compte

Le salaire de référence comprend l’ensemble des salaires et primes déclarés par l’employeur

  • Les salaires de base

  • Les primes normales ou exceptionnelles versées en contrepartie du travail

  • Les avantages en nature

  • Les gratifications et indemnités liées à l’activité

  • Les primes de treizième mois, de bilan, de vacances

  • Les heures supplémentaires et complémentaires

Primes mensuelles : déclaration en bloc 51

Les primes versées mensuellement qui compensent une contrainte liée à l’emploi sont intégralement prises en compte dans le calcul de l’ARE. Ces primes sont déclarées uniquement dans le bloc 51 avec le type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage ».

Il s’agit notamment des primes suivantes :

  • Prime de pénibilité, de risque, de cadence, de danger

  • Prime d’ancienneté

  • Prime d’habillage

  • Prime de présentéisme versée mensuellement

Primes périodiques : déclaration en bloc 52

Les primes non mensuelles nécessitent une déclaration séparée en bloc 52 « Prime, gratification et indemnité » lorsqu’elles répondent à au moins un des quatre critères suivants :

  1. La nature de la prime correspond à l’un des codes prévus pour la rubrique 52.001 « Type »

  2. La prime couvre une période différente de celle du salaire de base (ex. : 13ème mois pour l’exercice civil) ou ne correspond à aucune période d’activité précise

  3. La prime ne rémunère pas l’activité (ex. : prime de naissance, de mobilité)

  4. La prime est versée uniquement lors de la rupture du contrat de travail

Traitement spécifique des primes selon leur périodicité

Primes prises en compte au prorata temporis

Seule la part des primes supra mensuelles se rapportant à la période de référence est prise en compte pour le calcul de l’ARE. Sont concernées :

Prime exceptionnelle liée à l’activité (code 026) : Prime de productivité, de performance, liée à la surcharge d’activité, avec une période de rattachement correspondant au mois civil de versement.

Prime liée à l’activité avec période de rattachement spécifique (code 027) : Prime de 13ème mois, de Noël, de bilan, sur objectifs, de résultats, de vacances. La période de rattachement correspond à la période d’acquisition de la prime telle que prévue par l’accord collectif.

Prime de rachat de jours de RTT (code 029) : La période de rattachement correspond à la période d’acquisition des RTT.

Exemple pratique de déclaration

Pour des commissions versées en mai au titre du 1er trimestre 2025 :

  • Rubrique 52.003 « Date de début de la période de rattachement » : 01012025

  • Rubrique 52.004 « Date de fin de la période de rattachement » : 31032025

Éléments exclus du calcul de l’ARE

Indemnités de rupture

Toutes les indemnités liées à la rupture du contrat de travail sont exclues du salaire de référence :

  • Indemnités de licenciement

  • Indemnités de rupture conventionnelle

  • Indemnités compensatrices de congés payés (ICCP)

  • Indemnités compensatrices de préavis

  • Indemnités transactionnelles

  • Indemnités de non-concurrence

Primes non liées à l’activité

Les primes déclarées avec le code 028 sont totalement exclues du calcul de l’allocation chômage car elles ne rémunèrent pas l’activité du salarié :

  • Prime de mariage, de naissance

  • Prime de déménagement

  • Primes et versements du CSE

Prime de partage de valeur (PPV)

La PPV est également exclue du calcul de l’ARE, étant déclarée avec les codes 904, 905 ou 906 selon le cas.

Impact sur les différés d’indemnisation

Calcul des différés spécifiques

Les indemnités de rupture « supra légales » déclarées en bloc 52 servent à calculer le différé spécifique d’indemnisation. Ce différé est calculé selon la formule :

Différé spécifique = Indemnités supra légales ÷ 109,6 (pour 2025)

Le différé est plafonné à 150 jours calendaires (75 jours en cas de licenciement économique).

Différé congés payés

L’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) génère un différé calculé en divisant le montant de l’ICCP par le salaire journalier de référence, plafonné à 30 jours.

Évolutions réglementaires 2025

Nouveautés dans la déclaration DSN

Depuis 2025, l’indemnité transactionnelle doit être déclarée dans deux blocs 52 séparés :

  • Code 022 « Indemnité transactionnelle » : pour le montant total

  • Code 055 « Indemnité transactionnelle exonérée fiscalement » : pour la part exonérée

Modifications du calcul du salaire journalier de référence

Depuis le 1er avril 2025, plusieurs évolutions impactent le calcul :

  • Mensualisation sur 30 jours fixes quel que soit le mois

  • Plafonnement des jours non travaillés à 70% des jours travaillés (au lieu de 75%)

  • Évolution des seuils d’âge : la période de référence de 36 mois s’applique désormais à partir de 55 ans (au lieu de 53 ans)

Bonnes pratiques déclaratives

Règles de non-cumul

Principe fondamental : les primes déclarées en bloc 52 ne doivent jamais être incluses dans le bloc 51 de type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage ».

Exception notable

L’indemnité de congés payés versée en cours de contrat constitue la seule exception : elle doit être déclarée à la fois :

  • En bloc 52 avec le code 046 « Indemnité de congés payés »
  • En bloc 51 de type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage »

Datation et périodes de rattachement

La datation du bloc 51 de type 002 doit refléter la période d’activité, contrairement au bloc 51 de type 001 qui porte sur la période de paie. Si une prime de septembre est payée en décembre, elle sera valorisée en date de septembre pour le type 002, mais en décembre pour le type 001.

Contrôles et cohérence

Contrôles automatisés

La DSN intègre de nombreux contrôles pour assurer la cohérence entre le motif de départ (bloc 62) et les indemnités versées (bloc 52). Ces contrôles permettent d’éviter les erreurs déclaratives et de sécuriser le traitement par France Travail.

Fiabilisation du montant net social

Dans le cadre de la fiabilisation du montant net social, la déclaration séparée de l’indemnité transactionnelle en deux blocs distincts permet une meilleure traçabilité fiscale et sociale.

La détermination du salaire de référence pour le calcul de l’ARE repose sur une connaissance précise des règles déclaratives DSN et des spécificités de chaque type de rémunération. Les évolutions récentes de la réglementation, notamment les modifications de 2025, renforcent l’importance d’une déclaration rigoureuse pour garantir l’exactitude des droits des demandeurs d’emploi et éviter les différés d’indemnisation non justifiés.

 

FCTU : Définition et usages

FCTU et DSN

Le signalement fin de contrat de travail unique (FCTU) constitue depuis janvier 2022 l’unique procédure déclarative obligatoire

 pour informer France Travail et les organismes complémentaires de toute rupture de contrat de travail. Ce dispositif DSN remplace définitivement l’ancien signalement fin de contrat de travail (FCT) et l’attestation employeur dématérialisée (AED).

Principe et évolution du FCTU

Le FCTU représente une évolution majeure de la déclaration sociale nominative, conçue pour couvrir exhaustivement l’ensemble des fins de contrats de travail. Contrairement au précédent signalement FCT qui présentait des limitations, notamment pour les contrats « infra DSN mensuelle » (salariés entrant et sortant le même mois), le FCTU traite désormais tous les cas de figure.

Cette généralisation s’est accompagnée de la fermeture progressive des anciens dispositifs : le signalement FCT a été définitivement fermé le 30 septembre 2022, l’AED le 30 novembre 2022. Seule la saisie web (« AE Web ») demeure disponible en dernier recours sur francetravail.fr.

Caractéristiques techniques du signalement

Identification et délais

Le FCTU s’identifie dans la DSN par la rubrique 05.001 avec la valeur « 07 Signalement Fin de contrat de travail Unique ». L’employeur doit transmettre ce signalement « au plus proche de l’événement », concrètement dans un délai de 5 jours ouvrés suivant la fin du contrat, conformément à l’article R. 133-14 du Code de la sécurité sociale.

Structure autoporteuse

La particularité fondamentale du FCTU réside dans son caractère « autoporteur » : il doit contenir les éléments relatifs aux paies du dernier mois (mois M) et du mois précédent (mois M-1). Cette exigence permet à France Travail de reconstituer l’attestation employeur rematérialisée (AER) sans dépendre exclusivement des DSN mensuelles précédentes.

Contenu déclaratif du FCTU

Bloc 62 – Fin de contrat

Le signalement comprend un bloc spécifique « Fin de contrat » (62) détaillant les circonstances de la rupture : date de fin, motif codifié, date de notification, éventuelles dates d’engagement de procédure de licenciement ou de signature de convention de rupture. Une nouveauté 2025 introduit la rubrique 62.021 permettant de signaler le refus par un salarié en CDD d’une proposition de CDI.

Données de rémunération

Le FCTU intègre les blocs de rémunération (50, 51, 52, 53, 54), d’activité, d’arrêts de travail (60), de suspensions (65), de bases assujetties (78) et de cotisations individuelles (81) pour les deux derniers mois. La rubrique 50.020 précise si les éléments se rattachent au mois M ou M-1.

AER et contrôles qualité

En retour du signalement, France Travail génère automatiquement l’attestation employeur rematérialisée (AER) au format PDF. L’employeur doit impérativement l’imprimer, la dater, la signer manuscritement et la remettre au salarié pour satisfaire à ses obligations légales.

Des contrôles métier vérifient la cohérence des données transmises. Les principales anomalies bloquant la génération de l’AER concernent l’absence de préavis pour un licenciement, des incohérences entre salaire et temps de travail, des salaires inférieurs au SMIC, ou des montants d’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) aberrants.

Cas particuliers et exclusions

Exclusions du dispositif

Certaines relations contractuelles n’ouvrant pas droit aux allocations-chômage n’exigent pas de FCTU : contrats de soutien et d’aide par le travail, mandats sociaux, volontariat de service civique, stages, ou encore salariés visés par un motif d’exclusion DSN (rubrique 40.025).

CDDU et circuit dérogatoire

Les contrats à durée déterminée d’usage (CDDU) de durée « infra-DSN » ne nécessitent pas de signalement, sauf demande expresse du salarié. Cette dérogation vise à alléger les obligations déclaratives pour les contrats très courts.

Corrections et annulations

Le système prévoit des mécanismes de correction via des signalements « annule et remplace » (type 03) en cas d’écart avec la DSN mensuelle ou de versements postérieurs au solde de tout compte. Un signalement peut également être purement annulé (type 04) si le salarié n’a finalement pas quitté l’entreprise.

Évolutions et perspectives

Un projet de décret, non encore publié en 2025, envisage de supprimer à terme l’obligation d’impression et de signature de l’AER par l’employeur. À l’horizon 2027, un document dématérialisé serait directement accessible au salarié via le portail « mesdroitssociaux.fr ».

Le dispositif FCTU s’inscrit dans la dynamique plus large de dématérialisation des procédures sociales, renforçant la centralisation des données par la DSN tout en maintenant les garanties de contrôle et de traçabilité nécessaires à la protection des droits des salariés.