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Les 3 Catégories d’Invalidité en France : Conséquences sur la Paie et Cumul avec les Pensions

3 catégories d'invalidité
3 catégories d’invalidité

L’invalidité est une situation qui affecte des millions de Français et suscite de nombreuses interrogations, notamment concernant l’impact sur les revenus et les conditions de travail. Reconnaître le statut d’invalide ne signifie pas automatiquement cesser toute activité professionnelle. En France, la Sécurité sociale classe les personnes invalides en trois catégories distinctes, chacune ouvrant droit à des prestations spécifiques et impliquant des règles différentes concernant le cumul avec un salaire. ​

Qu’est-ce que l’Invalidité ?

Avant d’aborder les trois catégories, il est important de comprendre la définition juridique de l’invalidité. Une personne est considérée comme invalide en France lorsque sa capacité de travail et de gain est réduite d’au moins deux tiers (66,66%) en raison d’une maladie, d’un accident ou d’une affection de longue durée d’origine non professionnelle. Cette réduction de capacité doit être constatée par un médecin-conseil de la Sécurité sociale.​

Pour être reconnu invalide, vous devez également satisfaire aux conditions suivantes : être âgé de moins de 62 ans (ou de l’âge légal de retraite), ne pas avoir atteint cet âge limite, et avoir travaillé ou cotisé suffisamment à la Sécurité sociale au cours des 12 derniers mois avant l’arrêt de travail ou la constatation de l’invalidité.​

Les 3 Catégories d’Invalidité

Catégorie 1 : Invalides Capables d’Exercer une Activité Professionnelle Réduite

La première catégorie concerne les personnes invalides qui conservent une capacité de travail réduite. Bien que leur aptitude professionnelle soit diminuée d’au moins deux tiers, elles restent en mesure d’exercer une activité rémunérée, généralement à temps partiel ou avec des aménagements importants de leur poste de travail.​

Les bénéficiaires de la catégorie 1 ne sont pas totalement incapables de travailler. Ils peuvent poursuivre une activité salariée après une visite médicale de reprise, au cours de laquelle le médecin du travail évalue leur aptitude et définit les conditions d’exercice optimal de leur emploi.​

Montants 2025 pour la catégorie 1 :

  • Montant minimum mensuel : 335,29 €

  • Montant maximum mensuel : 1 177,50 €

  • Taux de calcul : 30% du salaire annuel moyen des 10 meilleures années de travail

Catégorie 2 : Invalides Absolument Incapables d’Exercer une Profession

La deuxième catégorie s’adresse aux personnes absolument incapables d’exercer une profession quelconque. Contrairement à la catégorie 1, ces individus ne peuvent pas poursuivre une activité professionnelle, même réduite.​

Cependant, il est important de noter que le classement en invalidité de catégorie 2 n’entraîne pas automatiquement l’inaptitude au travail. C’est le médecin du travail, lors d’une visite de reprise, qui évalue si une reprise d’activité est possible, notamment en travail à temps partiel ou avec des aménagements significatifs. Selon la jurisprudence, l’employeur est dans l’obligation d’organiser cette visite médicale de reprise, même pour les personnes classées en catégorie 2​

Montants 2025 pour la catégorie 2 :

  • Montant minimum mensuel : 335,29 €

  • Montant maximum mensuel : 1 962,50 €

  • Taux de calcul : 50% du salaire annuel moyen des 10 meilleures années de travail

Catégorie 3 : Invalides Absolument Incapables avec Besoin d’Assistance

La troisième catégorie concerne les personnes qui sont non seulement absolument incapables d’exercer une profession, mais qui nécessitent en outre l’assistance permanente d’une tierce personne pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne.​

Ces actes incluent se lever et se coucher, faire sa toilette, s’habiller, s’alimenter, se déplacer au sein du domicile, et satisfaire ses besoins naturels. L’assistance requise doit être constante et indispensable à la sécurité quotidienne de la personne.​

Montants 2025 pour la catégorie 3 :

La catégorie 3 inclut une majoration pour tierce personne (MTP) qui s’ajoute à la pension d’invalidité :

  • Montant minimum mensuel : 1 623,42 € (pension + majoration)

  • Montant maximum mensuel : 3 250,63 € (pension + majoration)

  • Taux de calcul : 50% du salaire annuel moyen, majoré de 40% au titre de l’assistance d’une tierce personne

Pour une actualisation des montants indiqués, il est conseillé d’aller sur le site : https://www.aide-sociale.fr/pension-invalidite/

Un simulateur permet de calculer différentes situations.

Conséquences de l’Invalidité sur la Paie et le Contrat de Travail

Suspension du Contrat de Travail

Lorsqu’un salarié est classé en invalidité, son contrat de travail est suspendu, mais pas automatiquement rompu. Il s’agit d’une distinction juridique cruciale : l’invalidité n’est pas un motif légitime de licenciement en soi.​

Avant de pouvoir licencier un salarié pour invalidité, l’employeur doit attendre la constatation formelle de l’inaptitude par le médecin du travail. Cette visite médicale de reprise est obligatoire pour tous les salariés classés en invalidité, quelle que soit leur catégorie.​

Absence d’Impact Direct sur le Bulletin de Paie

Contrairement à ce que certains pourraient croire, la pension d’invalidité n’est pas directement déduite du salaire du salarié qui poursuit une activité professionnelle. La pension et le salaire sont deux sources de revenus distinctes, versées par deux organismes différents (la Sécurité sociale et l’employeur). Sur le bulletin de paie, aucune ligne de déduction correspondant à la pension d’invalidité n’apparaît.​

Cependant, le cumul entre le salaire perçu et la pension d’invalidité est soumis à des règles strictes qui peuvent entrainer une réduction ou une suspension de la pension si les revenus totaux dépassent certains seuils.

Obligation de Reclassement

L’employeur doit chercher à reclasser le salarié dans un autre poste adapté à ses nouvelles capacités, au sein de l’entreprise ou du groupe. Le reclassement peut s’accompagner d’une formation professionnelle si nécessaire. Cette obligation subsiste même si le salarié est classé en catégorie 2 ou 3.​

Ce n’est que si le reclassement s’avère impossible, ou si le salarié refuse le poste proposé malgré une absence de justification, que l’employeur peut envisager la rupture du contrat de travail pour cause d’inaptitude.

Cumul de la Pension d’Invalidité avec une Rémunération : Les Règles

Possibilité Générale de Cumul

Oui, il est possible de cumuler une pension d’invalidité avec des revenus professionnels, mais cette situation est strictement encadrée par la Sécurité sociale. Cette possibilité vise à encourager la poursuite ou la reprise d’activité tout en compensant la perte de revenus liée à la réduction de capacité de travail.​

Le cumul intégral (sans réduction de pension) est possible pour les personnes en catégorie 1, qui conservent une capacité de travail réduite. Pour les catégories 2 et 3, un travail à temps partiel peut parfois être envisageable, selon l’avis du médecin du travail.​

Le Seuil de Comparaison : Critère Central

Le cumul pension-salaire est régi par un mécanisme appelé le « seuil de comparaison ». Ce seuil représente le revenu de référence au-delà duquel la pension peut être réduite ou suspendue. Son calcul a été réformé depuis le 1er avril 2022 pour devenir plus favorable aux pensionnés en activité.​

Pour les salariés, le seuil de comparaison est le montant le plus élevé entre :

  • Le salaire annuel brut perçu au cours de l’année civile qui a précédé le passage en invalidité

  • Le salaire annuel moyen brut (SAM) des 10 meilleures années d’activité avant le passage en invalidité

À savoir : si le montant le plus avantageux est inférieur au SMIC annuel brut, le seuil de comparaison retenu est le SMIC annuel brut.​

Exemple de Calcul du Cumul

Prenons un exemple concret pour mieux comprendre. Supposons qu’une personne classée en invalidité catégorie 1 avait un salaire annuel brut de 30 000 € avant son passage en invalidité. Elle percevrait une pension d’invalidité de catégorie 1 de 10 000 € par an (soit environ 833,33 € par mois).​

Avec la réforme, si cette personne reprend une activité professionnelle :

  • Seuil de comparaison : 30 000 €

  • Cumul autorisé sans réduction : jusqu’à 30 000 € (pension + salaire)

  • Salaire maximum permis : 20 000 € (car 20 000 € + 10 000 € = 30 000 €)

Si le cumul (pension + salaire) dépasse le seuil de comparaison :

  • L’excédent est réduit de moitié uniquement (après la réforme d’avril 2022)

  • Par exemple, si le cumul atteint 30 100 € (100 € de dépassement), la pension sera réduite de 50 €, portant le total à 30 050 €​

Cette nouvelle mécanique d’« écrêtement à 50% » est un progrès majeur pour les pensionnés d’invalidité en activité, car elle crée un gain financier lorsqu’une activité professionnelle est poursuivie ou reprise, contrairement à l’ancienne règle qui réduisait la pension de la totalité du dépassement.​

Période de Comparaison Glissante

La période de référence pour évaluer les revenus a également changé. Depuis avril 2022, l’examen se fait sur 12 mois civils (et non plus sur les 2 trimestres précédents).​

Par exemple, si l’examen du cumul s’effectue au 1er janvier 2025, la période annuelle de référence prise en compte s’étale du 1er décembre 2023 jusqu’au 30 novembre 2024.​

Suspension Temporaire vs. Suspension Définitive

Si les revenus cumulés dépassent le seuil de comparaison pendant deux trimestres consécutifs, la pension d’invalidité peut être suspendue ou réduite temporairement.​

Toutefois, cette suspension n’est pas définitive : si les revenus redescendent sous le seuil de comparaison au cours d’une période ultérieure, la pension peut être rétablie dès le trimestre suivant.​

Règles Spécifiques par Catégorie

Catégorie 1 et Travail à Temps Partiel

Les bénéficiaires de la catégorie 1 sont les plus « favorisés » en termes de possibilités de travail. Ils peuvent cumuler intégralement leur pension d’invalidité avec un salaire, tant que le total ne dépasse pas le seuil de comparaison.​

Une visite médicale de reprise est organisée, au cours de laquelle le médecin du travail fixe le taux d’activité (par exemple, 50% de temps partiel) et les aménagements préconisés sur le poste de travail.​

Catégories 2 et 3 : Travail Strictement Limité

Pour les catégories 2 et 3, l’exercice d’une activité professionnelle est théoriquement impossible selon la définition même de ces catégories. Cependant, le médecin du travail reste compétent pour autoriser un travail à temps partiel si l’état de santé le permet.​

Si une activité professionnelle est autorisée, les mêmes règles de seuil de comparaison s’appliquent.

Déductions de Revenus Sociaux Liés à l’Invalidité

Interaction avec l’Allocation Chômage

Si un salarié invalide se retrouve au chômage après la fin de son contrat de travail, la pension d’invalidité de catégorie 2 ou 3 est intégralement déduite de l’allocation chômage (ARE, AREF, ASP, etc.).​

Cependant, pour la catégorie 1, les règles peuvent être différentes. La Sécurité sociale examine chaque situation au cas par cas.

Avantages Fiscaux

Les personnes reconnues invalides peuvent bénéficier de certains avantages fiscaux, notamment une demi-part fiscale supplémentaire pour le calcul de l’impôt sur le revenu, sous conditions :​

  • Détention d’une carte d’invalidité pour une incapacité d’au moins 80%

  • Détention d’une carte CMI avec la mention « invalidité »

  • Toucher une pension pour invalidité de 40% ou plus (pour accident du travail)

Déclaration des Revenus à la Sécurité Sociale

Obligation de Déclaration

Il est impératif de déclarer tous les revenus à la Sécurité sociale, y compris les revenus d’activité professionnelle, les revenus des activités indépendantes, et les autres formes de rémunération. Cette obligation est essentielle pour éviter les indus (sommes à rembourser) et les remboursements ultérieurs.​

La Sécurité sociale procède régulièrement à des vérifications pour s’assurer que les revenus déclarés ne dépassent pas les seuils autorisés.

Conclusion

La reconnaissance d’une invalidité en France entraîne des conséquences importantes mais ne signifie pas l’arrêt total de toute activité professionnelle. Les trois catégories d’invalidité (capacité réduite, incapacité totale, incapacité totale avec assistance) offrent différents niveaux de protection financière et de possibilités d’emploi.

Le cumul d’une pension d’invalidité avec un salaire est possible sous certaines conditions, notamment le respect d’un seuil de comparaison qui varie selon le salaire antérieur. La réforme d’avril 2022 a rendu ce cumul plus attractif en introduisant un système d’« écrêtement à 50% », incitant les pensionnés à poursuivre ou reprendre une activité.

Il est essentiel de déclarer tous ses revenus à la Sécurité sociale et de se renseigner auprès de sa caisse (CPAM ou MSA) pour connaître les règles exactes applicables à votre situation, notamment concernant votre seuil de comparaison personnalisé. Une visite médicale de reprise sera systématiquement organisée pour évaluer votre aptitude à poursuivre une activité professionnelle, quel que soit votre classement en invalidité.

 

Compte Entreprise : 3 Nouvelles Fonctionnalités AT/MP Disponibles pour les Employeurs

 

Compte AT MP

Depuis le 23 octobre 2025, trois nouvelles fonctionnalités sont accessibles sur le compte entreprise de net-entreprises.fr pour simplifier la gestion des accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP). Ces outils permettent aux employeurs de demander un taux réduit pour les fonctions support, de simuler l’impact de leurs sinistres sur les cotisations, et aux tiers-déclarants de mieux suivre les décisions de taux de leurs clients.


Le compte entreprise : un outil central pour les employeurs

Le compte entreprise accessible sur www.net-entreprises.fr s’est progressivement enrichi pour offrir aux employeurs une plateforme complète de gestion administrative. Au-delà des démarches classiques liées aux arrêts de travail ou aux congés paternité/accueil de l’enfant, ce compte intègre désormais l’ensemble des fonctionnalités AT/MP depuis le 2 juillet 2024.

À travers ce compte, les employeurs peuvent consulter leur taux de cotisations AT/MP, explorer les barèmes des coûts moyens par secteur d’activité, et accéder à la nouvelle attestation des indicateurs des risques professionnels. Cette intégration progressive transforme le compte entreprise en véritable tableau de bord de la gestion des risques professionnels.


Nouveauté 1 : Demande en ligne du taux « Fonctions Support »

Qui peut en bénéficier ?

Les entreprises en tarification collective ou mixte avec moins de 150 salariés peuvent désormais demander l’application d’un taux réduit « fonctions support » directement en ligne. Ce taux s’applique aux salariés occupant à titre principal des fonctions administratives dans des locaux non exposés aux autres risques professionnels de l’entreprise.

Avantage pour l’employeur

Lorsque les salariés d’une même entreprise ne sont pas tous exposés aux mêmes risques, cette fonctionnalité permet d’optimiser les cotisations AT/MP pour les collaborateurs administratifs, en les distinguant des postes à risques. C’est un véritable levier d’économies de cotisations.

Attention

Les entreprises en tarification individuelle ne peuvent pas bénéficier de ce taux réduit « fonctions support ». Seules les structures en tarification collective ou mixte sont concernées.


Nouveauté 2 : Simulateur de Taux AT/MP

Comprendre le lien entre sinistralité et cotisations

Le taux de cotisation AT/MP est directement lié à deux facteurs essentiels : la gravité et la fréquence des accidents du travail ou maladies professionnelles constatés dans l’entreprise ou dans le secteur d’activité concerné. Une baisse de la sinistralité a donc un impact direct et positif sur le taux de cotisation.

Utilité du simulateur

Le nouveau service de simulation de taux AT/MP mise à la disposition des employeurs permet d’estimer précisément l’impact d’une réduction des sinistres sur le taux de cotisation AT/MP. Cet outil aide les dirigeants à mesurer le retour sur investissement de leurs actions de prévention des risques professionnels.

Accessible dans la rubrique « Prévenir les risques professionnels » du compte entreprise, ce simulateur constitue une aide précieuse pour la stratégie de prévention.

Limitation importante à retenir

Il est crucial de noter que le calcul du taux de cotisation varie selon la taille de l’entreprise :

  • Petites entreprises en tarification collective : application d’un taux national déterminé pour la catégorie de risque, indépendamment de la sinistralité réelle

  • Tarification mixte : le taux comprend une fraction du taux collectif national et une fraction du taux réel

  • Tarification individuelle au réel : calcul basé sur la sinistralité réelle de l’entreprise

En conséquence, le simulateur s’avère principalement utile pour les entreprises en tarification individuelle au réel, où les sinistres ont un véritable impact tarifaire.


Nouveauté 3 : Notification pour les Tiers-Déclarants

Une meilleure visibilité pour les tiers-déclarants

Les tiers-déclarants (experts-comptables, prestataires de paie externalisée, etc.) bénéficient désormais d’une notification par email dès que les décisions de taux AT/MP de leurs clients sont mises à disposition.

Fonctionnalités principales

  • Téléchargement en PDF des décisions de taux de l’ensemble de leur portefeuille client

  • Identification des variations tarifaires pour les clients dont le taux a changé

  • Accusé de réception groupé : possibilité d’accuser réception de tous les taux en un seul clic

Conditions d’accès

Pour accéder à ce service (bouton « consulter les décisions de taux des clients de mon portefeuille »), les tiers-déclarants doivent :

  1. Avoir habilité leurs clients au service « consulter ses taux AT/MP »

  2. Avoir effectué une DSN pour le compte de leurs clients au cours des 3 derniers mois


Contexte réglementaire

Ces trois nouvelles fonctionnalités s’inscrivent dans le cadre de l’évolution continue du compte entreprise, piloté par le GIP-MDS (Groupement d’Intérêt Public – Mutualité, Données, Statistiques), en charge de la maîtrise d’ouvrage de la DSN (Déclaration Sociale Nominative).

Depuis l’intégration progressive des fonctionnalités AT/MP au compte entreprise en juillet 2024, cet espace unique offre une gestion plus efficace et simplifiée des démarches administratives liées aux accidents du travail et maladies professionnelles.


Points clés à retenir

✓ Trois nouveaux services AT/MP disponibles depuis le 23 octobre 2025

✓ Demande de taux « fonctions support » simplifiée pour les PME en tarification collective/mixte

✓ Simulateur de taux pour mesurer l’impact des actions de prévention des risques

✓ Meilleur suivi des décisions tarifaires pour les tiers-déclarants

✓ Plateforme unique intégrant l’ensemble de la gestion administrative des employeurs


Pour aller plus loin

Pour accéder à ces nouvelles fonctionnalités et explorer l’ensemble des services disponibles, les employeurs et tiers-déclarants peuvent se connecter à leur compte sur www.net-entreprises.fr.

Source : Information du GIP-MDS publiée sur net-entreprises.fr le 23 octobre 2025

CSE : supprimez les conditions d’ancienneté avant le 31 décembre 2025

 

ancienneté bénéfice du CSE

Depuis les décisions de la Cour de cassation en 2024 et 2025, les activités sociales et culturelles (ASC) ne peuvent plus être réservées selon l’ancienneté des salariés.

L’URSSAF accorde un délai de tolérance jusqu’au 31 décembre 2025 pour que les CSE se mettent en conformité. Passé cette date, les sanctions tomberont.

Ce que dit la loi et la jurisprudence

Deux arrêts récents ont clarifié la situation :

  • Le 3 avril  2024, la Cour de cassation a interdit toute condition d’ancienneté pour bénéficier d’une activité sociale ou culturelle du CSE (n° 22‑16812).

  • Le 12 mars  2025, elle a étendu l’interdiction à toute différence de montant selon l’ancienneté (n° 23‑21223).

En clair : tous les salariés  doivent accéder aux ASC selon des critères objectifs et non discriminants.

De son côté, l’URSSAF s’est alignée sur cette position dans son Guide CSE 2025 : elle ne tolère plus la fameuse condition de six mois d’ancienneté qu’elle admettait auparavant.


Jusqu’au 31 décembre 2025 : période de tolérance

Les CSE disposent encore de quelques mois pour adapter leurs pratiques.

D’ici fin 2025, un contrôle URSSAF aboutira simplement à une demande de mise en conformité pour l’avenir.

Mais attention : à compter du 1ᵉʳ janvier 2026, toute condition d’ancienneté entraînera la perte des exonérations sociales sur les prestations concernées.

L’URSSAF pourra alors exiger un redressement de cotisations.

Quelles prestations sont visées ?

Sont concernées toutes les aides et avantages financés par le CSE, notamment :

  • les bons d’achatchèques-vacances et cadeaux en nature ;

  • les chèques culture (chèques-lire, chèques-disques, culturels) ;

  • les aides à la garde d’enfants ou aux services à la personne.

Si ces prestations ne sont pas attribuées à tout le personnel, elles ne seront plus exonérées.

Comment se mettre en conformité ?

Pour éviter tout risque, chaque CSE doit :

  • Supprimer toute référence à l’ancienneté dans ses règlements ou barèmes ;

  • Actualiser les formulaires et communications internes ;

  • Consigner la modification dans un procès-verbal de réunion ;

  • Informer tous les salariés pour assurer la transparence.

Il est aussi recommandé de revoir les critères d’attribution : les distinctions peuvent encore exister, à condition qu’elles reposent sur des éléments neutres, comme le temps de travail, la catégorie professionnelle, ou la situation familiale.