règles et les éléments de rémunération à prendre en compte pour le respect du smic

Le respect du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) est une obligation légale pour tous les employeurs en France. Il garantit à chaque salarié majeur une rémunération minimale, quel que soit le mode de calcul du salaire (horaire, mensuel, à la tâche, à la commission, etc.). Mais comment s’assurer que la rémunération versée respecte bien ce minimum légal ? Quels éléments de la fiche de paie doivent être pris en compte pour cette vérification ? Et que faire si le salaire de base est inférieur au SMIC ?

Définition et montant du SMIC en 2025

Le SMIC correspond au salaire horaire minimum légal en France. Au 1er janvier 2025, il s’élève à :

  • SMIC horaire brut : 11,88 €

  • SMIC mensuel brut (35h/semaine) : 1 801,80 €

  • SMIC annuel brut : 21 621,60 €

Il s’applique à tous les salariés majeurs, indépendamment de leur contrat ou de leur secteur d’activité (hors cas particuliers comme les VRP)


Quels éléments de rémunération sont pris en compte pour vérifier le respect du SMIC ?

Tous les éléments de la fiche de paie ne sont pas intégrés dans le calcul permettant de vérifier que la rémunération atteint ou dépasse le SMIC. Seuls les éléments constituant la contrepartie directe du travail effectif sont retenus

Sont inclus dans l’assiette du SMIC :

  • Le salaire de base

  • Les avantages en nature (ex : nourriture, logement, évalués en équivalent monétaire)

  • Les primes et bonus liés à la performance, à la productivité, au rendement, à la polyvalence, ou au chiffre d’affaires

  • Les pourboires centralisés ou perçus directement

  • Les primes de vacances ou de fin d’année, uniquement pour les mois où elles sont versées en acompte mensuel

  • Les compensations de réduction d’horaire (ex : RTT)

Sont exclus du calcul du SMIC :

  • Les remboursements de frais professionnels

  • Les primes compensant des sujétions particulières (ex : travail de nuit, dimanche, jours fériés, conditions de travail difficiles)

  • Les majorations pour heures supplémentaires

  • Les primes d’ancienneté, d’assiduité, de transport, de froid

  • Les participations, intéressements, et primes non directement liées à la performance individuelle

  • Les indemnités de non-concurrence

La règle essentielle : seules les sommes versées en contrepartie directe du travail effectif sont prises en compte. Les primes ou indemnités versées indépendamment de la prestation de travail (aléatoires, liées à l’ancienneté, ou à des sujétions) sont exclues


Tableau récapitulatif des éléments à prendre en compte

Élément de rémunération Pris en compte pour le SMIC ? Précisions principales
Salaire de base Oui
Avantages en nature Oui Évalués en équivalent monétaire
Primes de rendement, productivité Oui Si liées à la performance
Primes sur chiffre d’affaires Oui Directement liées à l’activité
Primes de vacances, fin d’année (mensualisées) Oui Seulement pour les mois concernés
Pourboires Oui S’ils sont centralisés ou perçus directement
Compensation de réduction d’horaire/RTT Oui
Primes d’ancienneté, d’assiduité, de froid Non
Majoration pour heures supplémentaires Non
Primes de nuit, dimanche, jours fériés Non
Remboursement de frais Non
Participation, intéressement Non

La notion d’indemnité différentielle

Il arrive que le traitement de base d’un salarié,  soit inférieur au SMIC. Dans ce cas, une indemnité différentielle doit être versée : elle correspond à la différence entre le montant brut mensuel du SMIC et le montant brut mensuel des éléments de la rémunération augmentés de la valeur des avantages en nature

Concrètement :

  • Si la rémunération brute (hors éléments exclus du calcul) est inférieure au SMIC, l’employeur doit verser une indemnité pour atteindre le seuil légal.

  • Cette indemnité est ajustée au prorata du temps de travail (ex : temps partiel)

L’indemnité différentielle garantit ainsi le respect du pouvoir d’achat minimum fixé par la loi, même en cas de grille salariale ou d’évolution du SMIC supérieure à celle des traitements de base.


En résumé

  • L’employeur doit vérifier que la rémunération brute mensuelle, incluant uniquement les éléments pris en compte, atteint au moins le SMIC.

  • Si ce n’est pas le cas, une indemnité différentielle doit obligatoirement être versée pour combler l’écart.

  • Les éléments à inclure ou exclure sont clairement définis par la jurisprudence et la réglementation, avec pour critère central la notion de contrepartie du travail effectif.

Le respect du SMIC est un droit fondamental pour tous les salariés. En cas de doute sur la conformité de votre fiche de paie, il est conseillé de se référer à ces principes ou de consulter un professionnel du droit du travail.

 

Examen de conformité sociale : une nouvelle étape franchie dans la simplification de la vie économique

Le 17 juin 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi de simplification de la vie économique, incluant la création d’un examen de conformité sociale. Retour sur une mesure phare destinée à sécuriser les pratiques sociales des entreprises et à réduire les risques de contentieux.

Qu’est-ce que l’examen de conformité sociale ?

L’examen de conformité sociale (ECS) est un dispositif inédit, inspiré de l’examen de conformité fiscale (ECF), qui offre aux entreprises la possibilité de faire auditer volontairement leurs pratiques sociales par un prestataire agréé. L’objectif : vérifier la conformité de leurs déclarations, cotisations, application des conventions collectives et autres obligations sociales, afin de sécuriser leur situation en amont d’un éventuel contrôle

Accessible à toutes les entreprises, l’ECS n’est pas obligatoire et ne suspend pas les sanctions en cas d’infraction, mais il pourra être pris en compte par l’administration dans l’évaluation de la bonne foi de l’employeur. Ce nouvel outil s’inscrit dans la continuité du droit à l’erreur et vient compléter les dispositifs existants comme le rescrit social ou la visite conseil de l’Urssaf


Un parcours législatif mouvementé

Le projet de loi de simplification de la vie économique, porté initialement par le gouvernement Attal en avril 2024, a connu de nombreux rebondissements : dissolution de l’Assemblée nationale, changement de gouvernement, puis reprise des débats au printemps 2025. Après un examen approfondi et de nombreux amendements, dont celui sur l’ECS, le texte a finalement été adopté à une courte majorité par les députés (275 voix pour, 252 contre)

Le texte doit désormais passer en commission mixte paritaire (CMP), où sénateurs et députés tenteront de s’accorder sur une version commune. En cas d’accord, le texte sera définitivement voté ; sinon, il retournera devant le Parlement pour une nouvelle lecture


Quels avantages pour les entreprises ?

  • Sécurisation juridique : l’ECS permet d’anticiper les risques liés à des erreurs de déclaration ou d’interprétation des normes sociales

  • Réduction des contentieux : un audit préalable limite les risques de litiges avec l’administration.

  • Souplesse et volontariat : le dispositif est facultatif et accessible à toutes les entreprises, quel que soit leur secteur ou leur taille

  • Prise en compte par l’administration : en cas de contrôle, la réalisation d’un ECS pourra jouer en faveur de l’entreprise, sans garantir pour autant une exonération systématique des sanctions


Comment fonctionne l’examen de conformité sociale ?

  • L’entreprise sollicite un audit externe auprès d’un prestataire agréé.

  • L’audit porte sur la conformité des pratiques sociales : sécurité sociale, cotisations, déclarations, conventions collectives, etc.

  • En cas d’anomalie, l’entreprise peut corriger sa situation avant tout contrôle administratif.

  • Les modalités précises seront fixées par décret et arrêté ministériel, à l’issue de l’adoption définitive du projet de loi


Et après ?

L’examen de conformité sociale, s’il est définitivement adopté, constituera un outil supplémentaire pour accompagner les entreprises dans la maîtrise de leurs obligations sociales. Il s’inscrit dans une logique de simplification, de prévention et de dialogue entre entreprises et administration.

Le projet de loi de simplification de la vie économique, enrichi de cette mesure, poursuit désormais son parcours législatif. Sa version finale pourrait être adoptée dès la session extraordinaire de juillet ou à la rentrée de septembre, selon l’issue des discussions parlementaires


 

  1. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17t0144_texte-adopte-provisoire

La paie dans les trois fonctions publiques françaises : un regard sur leurs spécificités

La Paie dans la Fonction Publique Française 

La gestion de la paie dans la fonction publique française est un processus complexe et réglementé, qui varie selon les trois principaux secteurs : la fonction publique territoriale, la fonction publique hospitalière et la fonction publique d’État. Comprendre les différences entre ces secteurs, ainsi que les éléments clés de la rémunération et des cotisations sociales, est essentiel pour assurer une gestion efficace et conforme à la législation en vigueur.

Les Trois Secteurs de la Fonction Publique

La fonction publique territoriale regroupe les agents travaillant dans les collectivités locales, telles que les mairies, les départements et les régions. Les règles de gestion de la paie dans ce secteur incluent des primes spécifiques comme la Nouvelle Bonification Indiciaire (NBI) et l’Indemnité de Résidence (IR). Les cotisations sociales sont également gérées selon des modalités particulières, avec des plafonds spécifiques et des régimes de retraite adaptés. La fonction publique hospitalière concerne les personnels des établissements de santé publics. Les primes dans ce secteur sont souvent liées aux horaires de travail et aux risques professionnels. Par exemple, les agents peuvent bénéficier de primes pour les gardes de nuit ou les interventions en urgence. La gestion des cotisations sociales tient compte de ces spécificités, avec des régimes de retraite et des plafonds adaptés. La fonction publique d’État inclut les agents travaillant dans les ministères et les administrations centrales. La rémunération dans ce secteur est principalement basée sur le traitement indiciaire, complété par des primes statutaires. Les cotisations sociales sont gérées selon des règles spécifiques, avec des régimes de retraite et des plafonds particuliers.

Éléments de Rémunération

Le traitement indiciaire est la base de la rémunération des agents publics. Il est calculé en fonction du grade et de l’échelon de l’agent, selon une grille indiciaire définie par la réglementation.  Les primes constituent une part importante de la rémunération des agents publics. Parmi les principales primes, on trouve la Nouvelle Bonification Indiciaire (NBI), l’Indemnité de Résidence (IR) et le Supplément Familial de Traitement (SFT). Chaque prime est soumise à des règles de calcul et de gestion spécifiques. Les indemnités sont des compléments de rémunération accordés pour compenser des contraintes particulières, telles que les déplacements ou les conditions de travail difficiles. Par exemple, l’Indemnité de Résidence (IR) est accordée aux agents travaillant dans des zones géographiques spécifiques.

Cotisations Sociales

Les cotisations sociales sont prélevées sur le salaire brut des agents publics. Elles incluent les cotisations pour la sécurité sociale, avec des plafonds spécifiques comme le Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale (PMSS).

La gestion des cotisations sociales et retraites
Les trois fonctions publiques suivent des régimes distincts :

    • CNRACL (Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales) pour les territoriaux et hospitaliers.
    • Régime de pension civile pour l’État.
      Les plafonds comme le PMSS (Plafond Mensuel de la Sécurité Sociale) influent aussi sur les cotisations.

Les cotisations pour la retraite sont calculées selon des règles particulières. D’autres cotisations, telles que la Contribution Sociale Généralisée (CSG) et la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS), sont également prélevées sur le salaire des agents publics.

Gestion des Absences et Maladies

En cas d’arrêt maladie, les agents publics peuvent bénéficier d’indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS). Le calcul de ces indemnités tient compte du salaire brut et de la durée de l’arrêt. La gestion des congés longs, tels que les congés de longue maladie (CLM) et les congés de longue durée (CLD), est régie par des règles spécifiques. Les agents doivent respecter des procédures particulières pour bénéficier de ces congés.

Ces  différents types de congés impactent différemment la paie :

  • Congé de Longue Maladie (CLM) : maintien du traitement à 100% pendant un an, puis 50% les deux années suivantes
  • Congé de Longue Durée (CLD) : maintien à 100% pendant trois ans, puis 50% pendant deux ans
  • Congé de Formation Professionnelle : 85% du traitement brut pendant les 12 premiers mois

Cas Pratiques

Prenons l’exemple d’un agent de la fonction publique territoriale avec un traitement indiciaire de 2000 euros, une NBI de 100 euros et une IR de 50 euros. Le salaire brut serait de 2150 euros, auquel on applique les cotisations sociales pour obtenir le salaire net. Un agent de la fonction publique hospitalière bénéficie d’une prime de garde de nuit de 200 euros. Cette prime est soumise à des cotisations sociales spécifiques, qui sont déduites du salaire brut.

Réglementation et Actualités

Les règles de gestion de la paie dans la fonction publique évoluent régulièrement. Par exemple,  la valeur du point d’indice  Il est essentiel de se tenir informé de ces évolutions pour assurer une gestion conforme.

La gestion de la paie dans la fonction publique française est un processus complexe, qui nécessite une compréhension approfondie des différences sectorielles.