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Jusqu’à 5 acomptes par mois, une charge démesurée pour le service paie ?

5 acomptes par mois

 

Une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale le 4 juin 2025 vise à permettre aux salariés mensualisés de demander jusqu’à cinq acomptes sur salaire par mois, dans la limite de la moitié de leur rémunération mensuelle. Cette mesure, encore au stade de projet, entend offrir une plus grande flexibilité financière aux salariés, leur permettant d’adapter leurs rentrées d’argent à leurs besoins immédiats et de limiter le recours au crédit à la consommation ou au découvert bancaire.

Rappel sur le fonctionnement des acomptes

L’acompte sur salaire correspond à la rémunération d’un travail déjà effectué, versée avant la date normale de paiement. Par exemple, un versement le 15 du mois pour les 15 premiers jours travaillés, alors que la paie intervient habituellement en fin de mois. Ce dispositif se distingue de l’avance sur salaire, qui porte sur un travail non encore réalisé. Actuellement, tout salarié mensualisé peut exiger un acompte correspondant à la moitié de son salaire pour une quinzaine, l’employeur étant tenu d’accepter la première demande chaque mois, mais pouvant refuser les suivantes.

La proposition de loi de juin 2025 introduit deux nouveautés majeures :

  • Les salariés pourraient demander jusqu’à cinq acomptes par mois (au lieu d’un seul aujourd’hui), sans justification à fournir.

  • Le montant total des acomptes ne pourrait pas dépasser la moitié du salaire mensuel, comme actuellement.

La charge de travail pour le service paie

L’augmentation du nombre d’acomptes sollicités par salarié aurait un impact direct sur la charge de travail du service paie. Aujourd’hui, la gestion des acomptes reste souvent manuelle et rigide, impliquant des contrôles, la préparation de reçus, la saisie des montants, et la déduction sur la paie finale. Chaque demande nécessite un suivi administratif précis pour garantir la conformité légale et éviter les erreurs de calcul.

Avec la possibilité de cinq demandes par mois, la volumétrie des opérations à traiter serait démultipliée :

  • Multiplication des saisies et contrôles individuels

  • Suivi renforcé pour éviter les dépassements du plafond légal

  • Gestion des reçus et de la traçabilité des versements

  • Communication accrue avec les salariés concernant les montants disponibles et les retenues sur la paie finale

Pour les services paie non équipés de solutions automatisées, cette évolution représenterait une lourde charge administrative, augmentant le risque d’erreurs et la pression sur les équipes RH. Selon les retours d’expérience, la gestion manuelle des acomptes est déjà perçue comme archaïque et peu flexible, freinant la communication et l’adoption du dispositif par les salariés.

L’apport des solutions technologiques (Earned Wage Access)

Face à cette complexification, des solutions numériques d’accès anticipé au salaire (Earned Wage Access, EWA) émergent et s’intègrent directement dans les systèmes de paie. Ces plateformes permettent aux salariés de suivre en temps réel leur rémunération acquise et de demander des versements partiels de façon automatisée. Pour le service paie, l’automatisation réduit considérablement la charge administrative, sécurise les flux, et limite les risques d’erreur.

Les avantages de ces outils sont multiples :

  • Diminution du temps de traitement par les équipes RH

  • Suivi automatisé des plafonds et de la fréquence des demandes

  • Génération automatique des justificatifs et intégration dans la paie mensuelle

  • Confidentialité et traçabilité accrues

Risques et précautions à prendre

Si la flexibilité offerte par les acomptes et l’EWA améliore le bien-être financier des salariés et l’attractivité de l’employeur, elle n’est pas sans risques : surconsommation du salaire avant la fin du mois, mauvaise gestion budgétaire, dépendance à l’acompte, voire frais additionnels selon les plateformes utilisées. Il est donc essentiel d’accompagner l’adoption de ces dispositifs par une sensibilisation à la gestion financière et un encadrement des pratiques.

L’évolution du cadre légal vers une multiplication des acomptes sur salaire répond à une demande de flexibilité des salariés, mais représente un défi organisationnel majeur pour les services paie. Sans automatisation, la charge de travail risque d’augmenter de façon significative. L’intégration de solutions numériques d’EWA apparaît comme une réponse incontournable pour concilier souplesse pour les salariés et maîtrise des processus pour l’entreprise, tout en veillant à une utilisation responsable de ces nouveaux outils.

  1. https://formulepaie.fr/acces-anticipe-au-salaire-ewa-opportunite-ou-risque

L’intelligence artificielle : une révolution pour les RH en 2025

IA et RH en 2025

L’intelligence artificielle (IA) transforme profondément les ressources humaines (RH), optimisant les processus tout en apportant de nouvelles possibilités d’accompagnement des employeurs et des collaborateurs. Avec des taux d’adoption en forte hausse, l’IA s’impose comme un levier stratégique pour répondre aux défis modernes des RH

Les cas d’usage de l’IA dans les RH

  1. Automatisation des processus administratifs
    L’IA simplifie la gestion quotidienne des ressources humaines. Par exemple, près de 70 % des recruteurs utilisent l’IA pour automatiser des tâches comme le tri des CV ou la saisie de données RH, réduisant de 40 % le temps de sourcing et augmentant l’efficacité des processus
  2. Recrutement prédictif et augmenté
    Grâce à des outils d’analyse avancée, l’IA permet une meilleure correspondance entre candidats et postes. En 2024, 80 % des entreprises ayant adopté ces technologies ont réduit le temps de recrutement de 40 % et diminué leurs coûts par embauche de 70 % . Elle peut également rédiger des offres personnalisées, évaluer les compétences des candidats (via des tests automatisés) et fournir un retour plus rapide.
  3. Gestion des talents et formation personnalisée
    L’IA aide à identifier les potentiels internes et à personnaliser la formation des collaborateurs. 92 % des entreprises rapportent une meilleure efficacité grâce à des recommandations de parcours ajustées en temps réel. Par ailleurs, l’analyse prédictive des besoins en compétences permet d’anticiper les évolutions tout en renforçant l’engagement des employés.
  4. Pilotage RH et HR Analytics
    Les outils d’HR Analytics basés sur l’IA offrent une meilleure exploitation des bases de données pour améliorer les prises de décision stratégiques et réduire le turnover de 30 %, tout en optimisant l’allocation des ressources humaines
  5. Experience collaborateur et automatisation des tâches courantes
    Avec des assistants virtuels et des chatbots, les équipes RH améliorent la réactivité face aux demandes collaboratives. Près de 75 % des collaborateurs considèrent que ces outils renforcent leur expérience de travail, grâce à une gestion simplifiée des congés et des plannings

Statistiques clés à retenir :

  • En 2025, 79 % des recruteurs utilisent l’IA générative, contre un peu plus de 38 % en 2023
  • ROI de 3,7 % par euro investi dans l’intégration de l’IA
  • 88 % des organisations augmentent leurs investissements en IA générative en 2025
  • Automatisation de 65 % des tâches administratives RH, libérant près de 40 % du temps pour des missions stratégiques

Utiliser le Compte Personnel de Formation (CPF)

Compte personnel de formation

Le Compte Personnel de Formation (CPF) est un dispositif central de la formation professionnelle en France. Il permet à chaque actif, salarié ou demandeur d’emploi, de cumuler des droits à la formation tout au long de sa vie professionnelle, favorisant ainsi l’employabilité et l’adaptation aux évolutions du marché du travail.

Qu’est-ce que le CPF ?

Le CPF est ouvert à toute personne dès son entrée sur le marché du travail, sans distinction de statut. Il est intégré au Compte Personnel d’Activité (CPA) et accessible via la plateforme officielle www.moncompteformation.gouv.fr ou l’application mobile dédiée. Ce service en ligne permet de consulter ses droits, rechercher une formation éligible et s’inscrire directement auprès d’un organisme de formation.

Fonctionnement et alimentation du CPF

Depuis le 1er janvier 2019, les droits CPF sont exprimés en euros (et non plus en heures). Chaque salarié travaillant au moins à mi-temps acquiert 500 € de droits par an, dans la limite d’un plafond de 5 000 €. Pour les salariés à temps partiel inférieur à un mi-temps, le montant est proratisé selon le temps de travail effectif. Les droits sont transférables en cas de changement d’employeur ou de période de chômage.

Certaines catégories bénéficient de droits majorés :

  • Salariés peu qualifiés : 800 € par an, plafond de 8 000 €.

  • Travailleurs handicapés : majoration de 300 € par an, plafond de 8 000 €.

  • Personnes en ESAT : 800 € par an, plafond de 8 000 €1.

Utilisation et gestion des droits

Les droits CPF sont acquis pour une durée indéterminée et utilisables sans limite de délai, que l’on soit en poste ou en recherche d’emploi. L’inscription à une formation est libre, sans obligation d’en informer l’employeur, sauf si la formation se déroule sur le temps de travail, auquel cas une autorisation d’absence est requise.

La gestion financière et technique du CPF est assurée par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui centralise les fonds et crédite les comptes des bénéficiaires en fonction des données transmises par les employeurs.

Calcul des droits selon le statut

  • Temps plein : droits complets (500 €/an).

  • Temps partiel > mi-temps : droits complets.

  • Temps partiel < mi-temps : droits proratisés.

  • Salariés en forfait jours : calcul basé sur le nombre de jours travaillés (jusqu’à 218 jours/an).

  • Salariés sans horaire (cadres dirigeants, pigistes) : calcul basé sur la rémunération annuelle, rapportée à un montant de référence (2 080 fois le SMIC horaire)1.

Abondements : compléments de financement

Dans certaines situations, le CPF peut être abondé, c’est-à-dire crédité de droits supplémentaires :

  • Abondement volontaire : employeur, bénéficiaire, État, région, ou France Travail peuvent compléter les droits si le coût de la formation dépasse le solde du CPF.

  • Accord d’entreprise ou de branche : des abondements peuvent être prévus pour des actions de formation prioritaires.

  • Obligation d’abondement : si l’employeur ne respecte pas ses obligations d’entretien professionnel, il doit verser 3 000 € supplémentaires sur le CPF du salarié concerné.

  • Licenciement pour refus d’un accord de performance collective : abondement d’au moins 3 000 €.

  • Victimes d’incapacité permanente suite à un accident du travail : abondement de 7 500 €.

  • Sanction prud’homale (lanceur d’alerte, etc.) : abondement possible jusqu’à 8 000 €1.

Depuis avril 2025, les employeurs peuvent « flécher » leurs abondements, c’est-à-dire réserver leur utilisation à certaines formations ou certifications, fixer un délai d’utilisation, ou exiger le remboursement de la part non utilisée1.

Comment accéder et utiliser son CPF ?

  • Créez votre compte sur www.moncompteformation.gouv.fr ou via l’application mobile.

  • Consultez vos droits et recherchez une formation éligible.

  • Inscrivez-vous directement à la formation de votre choix.

  • En cas de besoin de financement complémentaire, sollicitez un abondement auprès de votre employeur ou des autres financeurs possibles.

À retenir sur le CPF

Le CPF est un outil puissant pour accompagner l’évolution professionnelle, la reconversion ou la montée en compétences. Il s’adresse à tous les actifs, avec des droits renforcés pour les publics prioritaires, et offre une grande souplesse d’utilisation. Les abondements et la possibilité de flécher les financements renforcent son efficacité dans le parcours de formation professionnelle.

Pour maximiser vos droits et choisir la formation la plus adaptée à votre projet, consultez régulièrement votre espace personnel et restez informé des évolutions réglementaires du dispositif.