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FCTU : Définition et usages

FCTU et DSN

Le signalement fin de contrat de travail unique (FCTU) constitue depuis janvier 2022 l’unique procédure déclarative obligatoire

 pour informer France Travail et les organismes complémentaires de toute rupture de contrat de travail. Ce dispositif DSN remplace définitivement l’ancien signalement fin de contrat de travail (FCT) et l’attestation employeur dématérialisée (AED).

Principe et évolution du FCTU

Le FCTU représente une évolution majeure de la déclaration sociale nominative, conçue pour couvrir exhaustivement l’ensemble des fins de contrats de travail. Contrairement au précédent signalement FCT qui présentait des limitations, notamment pour les contrats « infra DSN mensuelle » (salariés entrant et sortant le même mois), le FCTU traite désormais tous les cas de figure.

Cette généralisation s’est accompagnée de la fermeture progressive des anciens dispositifs : le signalement FCT a été définitivement fermé le 30 septembre 2022, l’AED le 30 novembre 2022. Seule la saisie web (« AE Web ») demeure disponible en dernier recours sur francetravail.fr.

Caractéristiques techniques du signalement

Identification et délais

Le FCTU s’identifie dans la DSN par la rubrique 05.001 avec la valeur « 07 Signalement Fin de contrat de travail Unique ». L’employeur doit transmettre ce signalement « au plus proche de l’événement », concrètement dans un délai de 5 jours ouvrés suivant la fin du contrat, conformément à l’article R. 133-14 du Code de la sécurité sociale.

Structure autoporteuse

La particularité fondamentale du FCTU réside dans son caractère « autoporteur » : il doit contenir les éléments relatifs aux paies du dernier mois (mois M) et du mois précédent (mois M-1). Cette exigence permet à France Travail de reconstituer l’attestation employeur rematérialisée (AER) sans dépendre exclusivement des DSN mensuelles précédentes.

Contenu déclaratif du FCTU

Bloc 62 – Fin de contrat

Le signalement comprend un bloc spécifique « Fin de contrat » (62) détaillant les circonstances de la rupture : date de fin, motif codifié, date de notification, éventuelles dates d’engagement de procédure de licenciement ou de signature de convention de rupture. Une nouveauté 2025 introduit la rubrique 62.021 permettant de signaler le refus par un salarié en CDD d’une proposition de CDI.

Données de rémunération

Le FCTU intègre les blocs de rémunération (50, 51, 52, 53, 54), d’activité, d’arrêts de travail (60), de suspensions (65), de bases assujetties (78) et de cotisations individuelles (81) pour les deux derniers mois. La rubrique 50.020 précise si les éléments se rattachent au mois M ou M-1.

AER et contrôles qualité

En retour du signalement, France Travail génère automatiquement l’attestation employeur rematérialisée (AER) au format PDF. L’employeur doit impérativement l’imprimer, la dater, la signer manuscritement et la remettre au salarié pour satisfaire à ses obligations légales.

Des contrôles métier vérifient la cohérence des données transmises. Les principales anomalies bloquant la génération de l’AER concernent l’absence de préavis pour un licenciement, des incohérences entre salaire et temps de travail, des salaires inférieurs au SMIC, ou des montants d’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) aberrants.

Cas particuliers et exclusions

Exclusions du dispositif

Certaines relations contractuelles n’ouvrant pas droit aux allocations-chômage n’exigent pas de FCTU : contrats de soutien et d’aide par le travail, mandats sociaux, volontariat de service civique, stages, ou encore salariés visés par un motif d’exclusion DSN (rubrique 40.025).

CDDU et circuit dérogatoire

Les contrats à durée déterminée d’usage (CDDU) de durée « infra-DSN » ne nécessitent pas de signalement, sauf demande expresse du salarié. Cette dérogation vise à alléger les obligations déclaratives pour les contrats très courts.

Corrections et annulations

Le système prévoit des mécanismes de correction via des signalements « annule et remplace » (type 03) en cas d’écart avec la DSN mensuelle ou de versements postérieurs au solde de tout compte. Un signalement peut également être purement annulé (type 04) si le salarié n’a finalement pas quitté l’entreprise.

Évolutions et perspectives

Un projet de décret, non encore publié en 2025, envisage de supprimer à terme l’obligation d’impression et de signature de l’AER par l’employeur. À l’horizon 2027, un document dématérialisé serait directement accessible au salarié via le portail « mesdroitssociaux.fr ».

Le dispositif FCTU s’inscrit dans la dynamique plus large de dématérialisation des procédures sociales, renforçant la centralisation des données par la DSN tout en maintenant les garanties de contrôle et de traçabilité nécessaires à la protection des droits des salariés.

 

Impact du Décalage de versement des salaires

decalage de versement du salaire

Le décalage de paie représente une pratique de gestion consistant à verser les salaires du mois M au cours du mois M+1. Cette méthode, autrefois répandue, a connu des évolutions réglementaires majeures qui impactent différemment les sphères sociale et fiscale.

Définition et Principe du Décalage de Paie

Le décalage de paie consiste à payer les salaires correspondant à l’activité travaillée d’un mois M, le mois suivant (M + 1). Par exemple, les salaires de janvier sont versés en février. Cette pratique se distingue clairement du retard de paiement, qui constitue un manquement aux obligations de l’employeur.

Cette méthode était historiquement utilisée par les entreprises pour des raisons de gestion de trésorerie, permettant un délai supplémentaire pour collecter les revenus et encaisser les paiements clients avant de rémunérer les salariés. Cependant, son impact réglementaire a considérablement évolué depuis 2018.

Impact sur le Calcul des Cotisations Sociales

Évolution Réglementaire Majeure depuis 2018

Depuis le 1er janvier 2018, une révolution s’est opérée dans le traitement des cotisations sociales en cas de décalage de paie. Le décret 2016-1567 du 21 novembre 2016 a instauré que les taux et plafonds applicables à la paie sont ceux en vigueur au cours de la période de travail au titre de laquelle les rémunérations sont dues, et non plus à la date de versement.

Cette modification fondamentale signifie que le salaire versé en janvier 2025 en rémunération d’une période d’emploi de décembre 2024 doit se voir appliquer les taux de cotisations et le plafond applicables en décembre 2024.

Neutralisation de l’Impact

La période de rattachement est désormais le mois civil de la période d’emploi. Cette obligation de dater la base assujettie permet de neutraliser l’impact du décalage de paie sur le calcul des cotisations à destination de l’ensemble des organismes de recouvrement.

Conséquences sur la DSN (Déclaration Sociale Nominative)

Dates d’Exigibilité Adaptées

Les dates d’exigibilité de la DSN dépendent de l’effectif de l’entreprise et de sa pratique du décalage de paie. Le tableau suivant synthétise les principales échéances :

Effectif de l’entreprise Date de paiement des salaires Exigibilité DSN
Moins de 50 salariés Quelle que soit la date 15 du mois M+1
50 salariés et plus Mois M 5 du mois M+1
50 salariés et plus Mois M+1 (décalage) 15 du mois M+1

Obligation d’Information Préalable

Point crucial : les entreprises d’au moins 50 salariés pratiquant le décalage de paie doivent obligatoirement informer l’URSSAF avant d’effectuer leurs DSN. À défaut, des pénalités de retard sont appliquées pour chaque DSN transmise avant cette information, comme l’a confirmé la Cour de cassation dans son arrêt du 5 septembre 2024.

Impact Fiscal : Prélèvement à la Source

Maintien du Critère de Date de Versement

Contrairement aux cotisations sociales, en droit fiscal, le critère de référence reste la date de paiement du salaire. Le net fiscal reporté sur la déclaration de revenus correspond aux salaires dont la date de versement est comprise dans l’année civile.

Cette différence de traitement entre le social et le fiscal crée une dissociation importante : les règles sociales et fiscales d’assujettissement sont désormais déconnectées.

Application du Prélèvement à la Source

Toute rémunération doit donner lieu à prélèvement à la source, même si elle est versée au titre d’une période d’emploi antérieure.

Autres Taxes et Contributions

Transfert vers l’URSSAF depuis 2022

La taxe d’apprentissage, la contribution à la formation professionnelle (CFP) et la contribution au CPF-CDD ont vu leur recouvrement transféré à l’URSSAF à partir de janvier 2022. Cette évolution a changé le critère de référence : ces taxes suivent désormais la période d’emploi et non plus la date de versement des salaires.

Montant Net Social (MNS)

Déclaration par Date de Versement

Le montant net social est déclaré par date de versement. Les rubriques 58.001 et 58.002 de période de rattachement ne sont renseignées que lors de régularisations d’erreurs de paramétrage.

Depuis le 1er janvier 2024, le MNS doit être déclaré dans la DSN, y compris pour les entreprises pratiquant le décalage de paie.

Avantages et Inconvénients du Décalage de Paie

Avantages pour l’Employeur

Le décalage de paie présente plusieurs avantages financiers pour les entreprises :

  • Amélioration de la trésorerie : délai supplémentaire pour collecter les revenus

  • Planification budgétaire facilitée avec une visibilité sur les coûts de main-d’œuvre

  • Gestion des charges sociales simplifiée

Inconvénients et Risques

Cependant, cette pratique comporte des risques significatifs :

  • Complexité administrative accrue avec les différentes règles sociales et fiscales

  • Risque de sanctions en cas de non-respect des obligations déclaratives

  • Impact sur les relations sociales si mal comprise par les salariés

  • Coûts de gestion supplémentaires liés aux spécificités réglementaires

Fin Progressive du Décalage de Paie

Suppression Programmée

Un calendrier de transition avait été mis en place pour supprimer progressivement le décalage de paie. Depuis le 1er janvier 2021, les entreprises pratiquant le décalage de paie doivent payer les cotisations sociales selon les règles de droit commun.

Les mesures transitoires prévues de 2018 à 2020 sont arrivées à leur terme le 31 décembre 2020.

Obligations et Sanctions

Respect des Délais de Transmission

Le non-respect des délais de transmission de la DSN expose les entreprises à des pénalités. Pour les entreprises de 50 salariés et plus, le défaut d’information préalable de l’URSSAF concernant le décalage de paie entraîne l’application de pénalités égales à 1,5% du plafond mensuel par salarié et par mois de retard.

Conformité Réglementaire

Les entreprises doivent s’assurer de la parfaite cohérence entre leurs pratiques de paie et leurs déclarations sociales et fiscales. La complexité des règles nécessite une expertise approfondie et une veille réglementaire constante.

Recommandations Pratiques

Pour les Entreprises en Décalage

  1. Informer systématiquement l’URSSAF avant la première DSN en décalage

  2. Vérifier la cohérence entre les périodes de rattachement social et fiscal

  3. Former les équipes paie aux spécificités réglementaires

  4. Mettre en place une veille sur les évolutions réglementaires

  5. Évaluer l’opportunité de maintenir ou supprimer le décalage

Vers une Simplification

Compte tenu de la complexité croissante et des risques associés, de nombreuses entreprises choisissent aujourd’hui d’abandonner le décalage de paie pour simplifier leur gestion administrative et réduire les risques de non-conformité.

Conclusion

Le décalage de paie, autrefois simple pratique de gestion, est devenu un enjeu complexe nécessitant une expertise pointue. Les évolutions réglementaires ont créé une dualité entre sphère sociale et fiscale qui requiert une attention particulière. Les entreprises doivent peser soigneusement les avantages de trésorerie face aux contraintes administratives et aux risques de sanctions. L’accompagnement par des experts en paie devient indispensable pour naviguer dans ce contexte réglementaire en constante évolution.

Dispositions 2025 sur les Rappels de Salaire

Rappel de salaire 2025

Depuis le 1er janvier 2025, les règles relatives aux rappels de salaire ont été clarifiées par le décret n° 2023-1384 du 29 décembre 2023. Ces nouvelles dispositions, qui s’appliquent après une année de transition, introduisent des modifications substantielles dans l’application des taux de cotisations sociales.

Principe Général Unifié

La règle fondamentale établie en 2025 stipule que les taux, plafonds et exonérations de cotisations applicables sont ceux en vigueur au terme de la période d’activité au titre de laquelle les revenus sont dus. Contrairement aux pratiques antérieures, cette règle s’applique désormais de manière uniforme, y compris aux rappels de salaires judiciaires, éliminant ainsi les distinctions complexes qui prévalaient auparavant.

Cependant, ce principe général connaît quatre dérogations spécifiques qui maintiennent l’application des règles de calcul en vigueur lors de la période de versement.

Exemples Concrets d’Application

Cas 1 : Augmentation Rétroactive avec Changement de Taux

Situation : Un salarié obtient une augmentation de 200€ mensuelle avec effet rétroactif au 1er janvier 2025, mais celle-ci n’est appliquée qu’en juin 2025.

Application : Malgré le fait que les périodes de janvier à avril 2025 relèvent de taux de cotisation chômage de 4,05%, c’est le nouveau taux de 4% (modifié en mai et en vigueur en juin 2025) qui s’applique à l’ensemble du rappel.

Calcul :

  • Rappel total : 1 000€ (5 mois × 200€)

  • Cotisation chômage appliquée : 4% × 1 000€ = 40€

Cas 2 : Rappel Judiciaire Multi-Périodes

Situation : Une décision de justice prononcée en juillet 2025 condamne l’employeur à verser des rappels de salaire pour 5 000€ au titre de 2023 et 6 000€ au titre de 2024.

Application dérogation judiciaire :

  • Rappel 2023 : application des taux et plafonds 2023 (cotisation chômage 4,05%, plafond SS 3 666€)

  • Rappel 2024 : application des taux et plafonds 2024 (cotisation chômage 4,05%, plafond SS 3 864€)

Cette dérogation permet de « replacer le salarié dans la situation qui aurait été la sienne » si l’erreur n’avait pas eu lieu.

Cas 3 : Salarié Parti – Rappels Multiples

Situation : Un salarié ayant quitté l’entreprise en décembre 2024 fait l’objet de plusieurs rappels découverts en 2025.

Applications :

  • Prime oubliée octobre 2024 versée mars 2025 → Taux décembre 2024

  • Heures supplémentaires novembre 2024 versées avril 2025 → Taux décembre 2024

  • Indemnité de rupture versée mai 2025 → Taux décembre 2024

Justification : Les rappels post-rupture appliquent systématiquement les taux de la dernière période d’emploi rémunérée.

Cas 4 : Éléments à Périodicité Différente

Situation : Versements d’éléments prévus contractuellement ou conventionnellement à des dates différentes de leur acquisition.

Exemples :

  • Prime vacances 2024 versée juin 2025 → Taux juin 2025

  • Commission trimestrielle T1 2025 versée avril 2025 → Taux avril 2025

  • Intéressement 2024 versé mai 2025 → Taux mai 2025

Ces versements, bien que se rapportant à des périodes antérieures, ne constituent pas des rappels au sens strict et suivent donc les taux du mois de versement.

Cas 5 : Calcul Détaillé – Impact des Nouveaux Taux

Situation : Rappel de 2 000€ brut pour une erreur de février 2025, versé en juin 2025.

Calcul avec les taux de juin 2025

Évolutions des Taux en Cours d’Année 2025

L’année 2025 présente la particularité de voir certains taux évoluer en cours d’exercice, impactant directement les rappels de salaire

Modalités Déclaratives DSN

Les nouvelles règles 2025 impactent également les déclarations en DSN :

Obligations renforcées :

  • Bloc 51 « Rémunération » obligatoire pour tous les rappels

  • Indication de la période de rattachement du rappel

  • Déclaration dans des blocs séparés pour les éléments de périodes différentes

  • Documentation précise des calculs pour les contrôles URSSAF

Gestion des régularisations : Les régularisations entre périodes ne sont plus possibles, chaque mois devant être traité de manière autonome.

Points de Vigilance Opérationnels

Changements de taux en cours d’année : Les gestionnaires de paie doivent être particulièrement vigilants aux rappels versés après mai 2025, qui bénéficient automatiquement des nouveaux taux même pour des périodes antérieures.

Documentation obligatoire : Chaque rappel doit faire l’objet d’une justification documentée, l’administration ayant renforcé ses contrôles sur l’application correcte des règles de rattachement.

Formation des équipes : Les nouvelles dispositions nécessitent une adaptation des processus et une formation spécifique des gestionnaires de paie aux subtilités des dérogations.

Les dispositions 2025 marquent une étape importante dans l’harmonisation des pratiques de gestion des rappels de salaire, tout en maintenant des dérogations ciblées pour préserver l’équité dans certaines situations spécifiques. La maîtrise de ces règles devient essentielle pour garantir la conformité des traitements et optimiser les coûts sociaux des entreprises.