Quel salaire de référence pour le calcul de l’ARE ?

salaire référence ARE

Le salaire de référence constitue l’élément central du calcul de l’Allocation d’aide au Retour à l’Emploi (ARE). Sa détermination repose sur des règles précises définies par la réglementation de l’assurance chômage et nécessite une déclaration rigoureuse en Déclaration Sociale Nominative (DSN), notamment à travers les blocs 51 et 52.

Le salaire de référence : définition et principes fondamentaux

Qu’est-ce que le salaire de référence ?

Le salaire de référence pour le calcul de l’ARE correspond au total des rémunérations brutes perçues durant la période de référence calcul (PRC). Cette période s’étend sur les 24 derniers mois civils précédant la fin du dernier contrat de travail pour les demandeurs d’emploi de moins de 55 ans, et sur 36 mois pour ceux de 55 ans et plus (évolution depuis le 1er avril 2025).

Les cinq conditions pour l’inclusion dans le salaire de référence

Pour être prises en compte dans le calcul du salaire de référence, les rémunérations doivent répondre aux cinq conditions suivantes :

  • Elles entrent dans l’assiette des contributions d’assurance chômage

  • Elles n’ont pas déjà servi pour une précédente ouverture de droits

  • Elles se rapportent à la période de référence calcul

  • Elles trouvent leur contrepartie dans l’exécution normale du contrat de travail

  • Elles correspondent à la rémunération habituelle du salarié

Éléments inclus dans le salaire de référence

Rémunérations prises en compte

Le salaire de référence comprend l’ensemble des salaires et primes déclarés par l’employeur

  • Les salaires de base

  • Les primes normales ou exceptionnelles versées en contrepartie du travail

  • Les avantages en nature

  • Les gratifications et indemnités liées à l’activité

  • Les primes de treizième mois, de bilan, de vacances

  • Les heures supplémentaires et complémentaires

Primes mensuelles : déclaration en bloc 51

Les primes versées mensuellement qui compensent une contrainte liée à l’emploi sont intégralement prises en compte dans le calcul de l’ARE. Ces primes sont déclarées uniquement dans le bloc 51 avec le type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage ».

Il s’agit notamment des primes suivantes :

  • Prime de pénibilité, de risque, de cadence, de danger

  • Prime d’ancienneté

  • Prime d’habillage

  • Prime de présentéisme versée mensuellement

Primes périodiques : déclaration en bloc 52

Les primes non mensuelles nécessitent une déclaration séparée en bloc 52 « Prime, gratification et indemnité » lorsqu’elles répondent à au moins un des quatre critères suivants :

  1. La nature de la prime correspond à l’un des codes prévus pour la rubrique 52.001 « Type »

  2. La prime couvre une période différente de celle du salaire de base (ex. : 13ème mois pour l’exercice civil) ou ne correspond à aucune période d’activité précise

  3. La prime ne rémunère pas l’activité (ex. : prime de naissance, de mobilité)

  4. La prime est versée uniquement lors de la rupture du contrat de travail

Traitement spécifique des primes selon leur périodicité

Primes prises en compte au prorata temporis

Seule la part des primes supra mensuelles se rapportant à la période de référence est prise en compte pour le calcul de l’ARE. Sont concernées :

Prime exceptionnelle liée à l’activité (code 026) : Prime de productivité, de performance, liée à la surcharge d’activité, avec une période de rattachement correspondant au mois civil de versement.

Prime liée à l’activité avec période de rattachement spécifique (code 027) : Prime de 13ème mois, de Noël, de bilan, sur objectifs, de résultats, de vacances. La période de rattachement correspond à la période d’acquisition de la prime telle que prévue par l’accord collectif.

Prime de rachat de jours de RTT (code 029) : La période de rattachement correspond à la période d’acquisition des RTT.

Exemple pratique de déclaration

Pour des commissions versées en mai au titre du 1er trimestre 2025 :

  • Rubrique 52.003 « Date de début de la période de rattachement » : 01012025

  • Rubrique 52.004 « Date de fin de la période de rattachement » : 31032025

Éléments exclus du calcul de l’ARE

Indemnités de rupture

Toutes les indemnités liées à la rupture du contrat de travail sont exclues du salaire de référence :

  • Indemnités de licenciement

  • Indemnités de rupture conventionnelle

  • Indemnités compensatrices de congés payés (ICCP)

  • Indemnités compensatrices de préavis

  • Indemnités transactionnelles

  • Indemnités de non-concurrence

Primes non liées à l’activité

Les primes déclarées avec le code 028 sont totalement exclues du calcul de l’allocation chômage car elles ne rémunèrent pas l’activité du salarié :

  • Prime de mariage, de naissance

  • Prime de déménagement

  • Primes et versements du CSE

Prime de partage de valeur (PPV)

La PPV est également exclue du calcul de l’ARE, étant déclarée avec les codes 904, 905 ou 906 selon le cas.

Impact sur les différés d’indemnisation

Calcul des différés spécifiques

Les indemnités de rupture « supra légales » déclarées en bloc 52 servent à calculer le différé spécifique d’indemnisation. Ce différé est calculé selon la formule :

Différé spécifique = Indemnités supra légales ÷ 109,6 (pour 2025)

Le différé est plafonné à 150 jours calendaires (75 jours en cas de licenciement économique).

Différé congés payés

L’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) génère un différé calculé en divisant le montant de l’ICCP par le salaire journalier de référence, plafonné à 30 jours.

Évolutions réglementaires 2025

Nouveautés dans la déclaration DSN

Depuis 2025, l’indemnité transactionnelle doit être déclarée dans deux blocs 52 séparés :

  • Code 022 « Indemnité transactionnelle » : pour le montant total

  • Code 055 « Indemnité transactionnelle exonérée fiscalement » : pour la part exonérée

Modifications du calcul du salaire journalier de référence

Depuis le 1er avril 2025, plusieurs évolutions impactent le calcul :

  • Mensualisation sur 30 jours fixes quel que soit le mois

  • Plafonnement des jours non travaillés à 70% des jours travaillés (au lieu de 75%)

  • Évolution des seuils d’âge : la période de référence de 36 mois s’applique désormais à partir de 55 ans (au lieu de 53 ans)

Bonnes pratiques déclaratives

Règles de non-cumul

Principe fondamental : les primes déclarées en bloc 52 ne doivent jamais être incluses dans le bloc 51 de type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage ».

Exception notable

L’indemnité de congés payés versée en cours de contrat constitue la seule exception : elle doit être déclarée à la fois :

  • En bloc 52 avec le code 046 « Indemnité de congés payés »
  • En bloc 51 de type 002 « Salaire brut servant aux calculs des droits de l’Assurance chômage »

Datation et périodes de rattachement

La datation du bloc 51 de type 002 doit refléter la période d’activité, contrairement au bloc 51 de type 001 qui porte sur la période de paie. Si une prime de septembre est payée en décembre, elle sera valorisée en date de septembre pour le type 002, mais en décembre pour le type 001.

Contrôles et cohérence

Contrôles automatisés

La DSN intègre de nombreux contrôles pour assurer la cohérence entre le motif de départ (bloc 62) et les indemnités versées (bloc 52). Ces contrôles permettent d’éviter les erreurs déclaratives et de sécuriser le traitement par France Travail.

Fiabilisation du montant net social

Dans le cadre de la fiabilisation du montant net social, la déclaration séparée de l’indemnité transactionnelle en deux blocs distincts permet une meilleure traçabilité fiscale et sociale.

La détermination du salaire de référence pour le calcul de l’ARE repose sur une connaissance précise des règles déclaratives DSN et des spécificités de chaque type de rémunération. Les évolutions récentes de la réglementation, notamment les modifications de 2025, renforcent l’importance d’une déclaration rigoureuse pour garantir l’exactitude des droits des demandeurs d’emploi et éviter les différés d’indemnisation non justifiés.

 

Le refus du CDI après un CDD, quelles conséquences ?

Refus CDI

Depuis le 1er janvier 2024, le paysage juridique français a considérablement évolué concernant les droits des salariés en contrat à durée déterminée (CDD) qui refusent une proposition de contrat à durée indéterminée (CDI). La loi du 21 décembre 2022 relative au marché du travail, complétée par le décret du 28 décembre 2023, a instauré de nouvelles règles qui peuvent affecter l’accès aux allocations chômage.

Cette réforme majeure vise à encourager l’acceptation d’emplois stables tout en modifiant profondément les droits des salariés précaires. Il est essentiel de comprendre ces nouvelles dispositions pour faire des choix éclairés concernant son parcours professionnel.

Le Nouveau Dispositif : Principe et Application

La Règle des Deux Refus

Le mécanisme central de cette réforme repose sur une règle simple mais aux conséquences importantes : un salarié qui refuse deux propositions de CDI au cours des 12 mois précédents peut se voir privé de ses droits à l’assurance chômage.

Cette mesure s’applique aux salariés en :

  • CDD (contrat à durée déterminée)

  • Contrat de mission d’intérim

Conditions d’Application du Dispositif

Pour que le refus d’un CDI puisse entraîner une privation des droits au chômage, plusieurs conditions strictes doivent être respectées:

Pour les salariés en CDD, la proposition de CDI doit porter sur :

  • Un emploi identique ou similaire à celui occupé

  • Une rémunération au moins équivalente

  • Une durée de travail équivalente

  • Une classification identique

  • Le même lieu de travail

Pour les salariés en intérim, la proposition doit concerner :

  • Un emploi identique ou similaire à la mission

  • Le même lieu de travail

Obligations de l’Employeur

Formalisme de la Proposition

Depuis janvier 2024, l’employeur qui souhaite proposer un CDI doit respecter un formalisme strict:

  • Notification écrite de la proposition avant le terme du contrat

  • Proposition transmise par :

    • Lettre recommandée avec accusé de réception

    • Lettre remise en main propre contre décharge

    • Tout autre moyen donnant date certaine à la réception

  • Délai raisonnable accordé au salarié pour répondre

  • Mention que l’absence de réponse vaut refus

Déclaration à France Travail

En cas de refus du salarié, l’employeur a désormais l’obligation d’informer France Travail (ex-Pôle emploi) dans un délai d’un mois. Cette déclaration s’effectue via une plateforme dématérialisée dédiée accessible à l’adresse : https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/refus-de-cdi-informer-francetravail.

Les informations à fournir incluent :

  • Identité de l’entreprise et du salarié

  • Détails du CDD et de la proposition de CDI

  • Justification du caractère similaire de l’emploi

  • Date du refus ou d’expiration du délai

Exceptions au Dispositif

Situations Préservant les Droits

Le dispositif prévoit deux exceptions importantes permettant au salarié de conserver ses droits aux allocations chômage:

  1. Emploi en CDI antérieur : Si le salarié a été employé en CDI au cours des 12 mois précédents

  2. Non-conformité au PPAE : Si la dernière proposition de CDI n’est pas conforme au Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi élaboré avec France Travail avant le dernier refus

Le Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE)

Le PPAE constitue une protection importante pour les salariés. Il s’agit d’un document élaboré avec un conseiller France Travail qui définit les objectifs professionnels et les critères d’emploi acceptables. Attention : ce projet doit avoir été établi avant le dernier refus de CDI pour être opposable

Conséquences sur l’Indemnité de Précarité

Perte de la Prime de Précarité

Indépendamment des droits au chômage, le refus d’un CDI entraîne automatiquement la perte de l’indemnité de fin de contrat (prime de précarité). Cette indemnité, équivalente à 10% de la rémunération brute totale perçue durant le CDD, n’est plus due dès lors que :

  • L’employeur propose un CDI pour le même emploi ou similaire

  • Avec une rémunération au moins équivalente

  • Avant la fin du CDD

Jurisprudence Récente

La Cour de cassation a confirmé dans un arrêt du 3 juillet 2024 que cette règle s’applique même si l’employeur savait que le salarié ne souhaitait pas poursuivre la relation de travail. Le simple fait d’avoir formulé une proposition de CDI suffit à faire perdre le bénéfice de la prime en cas de refus.

Procédure et Délais

Chronologie du Processus

  1. Proposition écrite de CDI avant la fin du contrat

  2. Délai raisonnable laissé au salarié (généralement 7 jours minimum7)

  3. Refus explicite ou implicite (absence de réponse)

  4. Déclaration à France Travail dans le mois suivant

  5. Information du salarié par France Travail des conséquences

Déclaration en DSN

À partir du 1er janvier 2025, une obligation supplémentaire s’ajoute : la déclaration du refus doit également figurer dans la Déclaration Sociale Nominative (DSN) au moment de la fin du contrat. Cette double déclaration renforce le contrôle administratif du dispositif.

Critiques et Contestations

Opposition Syndicale

Le dispositif fait l’objet de vives critiques de la part des organisations syndicales. La CGT, FSU et Solidaires ont attaqué le décret devant le Conseil d’État, dénonçant notamment:

  • Une restriction supplémentaire de l’accès aux droits

  • La transformation des employeurs en « délateurs »

  • L’absence de possibilité pour le salarié de faire valoir un motif légitime de refus

Position du Conseil d’État

Le Conseil d’État a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une QPC portant sur ces dispositions, estimant dans une décision du 24 juillet 2024 que l’obligation de notification incombant à l’employeur est « sans effet sur les droits du salarié ».

Recommandations Pratiques

Pour les Salariés

Avant de refuser un CDI :

  • Vérifiez si vous avez déjà refusé un CDI dans les 12 derniers mois

  • Consultez votre PPAE avec votre conseiller France Travail

  • Évaluez l’impact financier (perte de prime de précarité et risque de privation d’allocations)

  • Considérez la négociation des conditions d’emploi

En cas de premier refus :

  • Soyez conscient que le second refus pourrait vous priver d’allocations

  • Documentez vos raisons de refus

  • Maintenez le contact avec France Travail

Pour les Employeurs

  • Respectez scrupuleusement le formalisme requis pour la proposition

  • Documentez précisément la similarité entre les postes

  • Effectuez la déclaration à France Travail dans les délais

  • Préparez-vous à la déclaration DSN à partir de 2025

Impact et Perspectives

Objectifs Gouvernementaux

Cette réforme s’inscrit dans la stratégie gouvernementale visant à :

  • Réduire le taux de chômage et favoriser le plein emploi

  • Limiter le recours aux contrats précaires

  • Réaliser des économies sur l’assurance chômage

Difficultés d’Application

Plusieurs acteurs du marché du travail soulignent les difficultés pratiques d’application de cette mesure, notamment :

  • La lourdeur administrative pour les employeurs

  • Les réticences déontologiques de certains dirigeants à « dénoncer » leurs salariés

  • La complexité d’évaluation de la similarité des emplois

Un mécanisme contraignant

La réforme de 2024 concernant le refus de CDI après un CDD marque un tournant majeur dans le droit du travail français. Elle instaure un mécanisme contraignant qui peut avoir des conséquences financières importantes pour les salariés en contrats précaires.

Cette évolution législative nécessite une vigilance accrue de la part des salariés et une adaptation des pratiques pour les employeurs. Il est essentiel de bien comprendre ces nouvelles règles pour préserver ses droits et faire des choix professionnels éclairés.

Face à cette complexification du droit, l’accompagnement par les services de France Travail et le conseil juridique spécialisé deviennent plus que jamais indispensables pour naviguer dans ce nouveau cadre réglementaire.

Les prochains mois permettront d’évaluer l’impact réel de cette réforme sur le marché du travail et sur la situation des salariés précaires, dans un contexte où l’équilibre entre flexibilité de l’emploi et protection sociale continue d’évoluer.